8. Michel de Montaigne

8.1. Les essais

8.1.1. Que philosopher c'est apprendre à mourir

Le but de notre carrière, c'est la mort; c'est l'objet nécessaire de notre visée¨ si elle nous effraie, ¨ comment est-il possible d'aller un pas en avant sans fièvre?¨ attention; fait peur; temperature;
Le remède¨ du vulgaire, ¨ c'est de n'y penser pas. Mais de quelle brutale¨ stupidité lui peut venir un si grossier aveuglement? Ce n'est pas merveille¨ s'il est si souvent pris au piège.¨ médicament; la masse; brute; étonnant; dupé;
On fait peur à nos gens¨ seulement en nommant la mort, et la plupart s'en signent¨ comme au nom du diable. aux hommes; font un signe de la croix;
Il n'y a justement que quinze jours que j'ai franchi¨ trente-neuf ans: il m'en faut, pour le moins, encore autant. Cependant s'empêcher de penser à une chose si éloignée, ce serait folie. Mais quoi?les jeunes et les vieux laissent¨ la vie de la même manière. passé 'âge de; quittent;
Pauvre fou que tu es, qui t'a établi¨ les termes de ta vie.Tu te fondes¨ sur les comptes des médecins; regarde plutôt l'effet¨ et l’expérience.¨ fixé; bases; résultat; pratique;
Il est plein de raison et de piété¨ de prendre l'exemple de l’humanité même de Jésus-Christ: or, il finit sa vie à trente-trois ans. Le plus grand homme, simplement¨ homme, Alexandre, mourut aussi à ce terme. Ces exemples nous passant devant les yeux, comment est-il possible qu'on puisse se défaire de la pensée de la mort, et qu'à chaque instant¨ il ne nous semble qu'elle nous tienne au collet?¨ religiosité; seulement; moment; surprenne;
Parmi les fêtes et la joie, ayons toujours ce refrain de la souvenance¨ de notre condition¨ et ne nous laissons pas si fort emporter au plaisir que parfois il ne nous repasse en la mémoire en combien de sortes notre allégresse¨ est en butte à la mort, et de combien de prises¨ elle la menace.¨ souvenir; situation; joie; dangers; lui fait risquer;
Il est incertain où la mort nous attend, attendons-la Partout.La préméditation de la mort est préméditation de la liberté: qui a appris à mourir, a désappris à servir¨ ; il n'y a rien de mal dans la vie pour celui qui a bien compris que la privation¨ de la vie n'est pas mal. Le savoir mourir nous affranchit¨ de toute sujétion¨ et contrainte.¨ être dépendant; perte; libère; soumission; dépendante;

8.1.2. Apologie de Raymond Sebond

Considérons¨ donc pour cette heure¨ l'homme seul, sans secours, ¨ étranger armé seulement de ses armes et dépourvu¨ de la grâce et de la connaissance divine¨ qui est tout son honneur, s a force et le fondement de son être. Est-il possible de rien imaginer si ridicule que cette misérable et chétive¨ créature, qui n'est pas seulement maîtresse de soi. étudions; maintenant; aide; sans; de Dieu; pauvre;
La présomption¨ est notre maladie naturelle et originelle. La plus calamiteuse¨ et frêle¨ de toutes les créatures, c'est l'homme, et en même temps la plus orgueilleuse.¨ Elle se sent et se voit logée ici, parmi la bourbe¨ et le fient¨ du monde et se va plantant¨ par imagination au-dessus du cercle de la Lune et, ramenant le ciel sous ses pieds. C'est par la vanité¨ de cette même imagination qu'il s’égale à Dieu, qu'il s'attribue¨ les conditions¨ divines.¨ arrogance; catastrophique; fragile; arrogante; ordures; saleté; se place; caractère prétentieux; donne; talents; de Dieu;
Nous ne sommes ni au-dessus, ni au-dessous du reste: tout ce qui est sous le Ciel, dit le sage, court une loi et une fortune pareille.
Ainsi me faut-il voir enfin s'il est en la puissance¨ de l'homme de trouver ce qu'il cherche; et si cette quête¨ qu'il y a employée depuis tant de siècles, l'a enrichi de quelque nouvelle force et de quelque vérité solide. Je crois qu'il me confessera s'il parle en conscience¨ que tout le profit qu'il a retiré d'une si longue poursuite¨ c'est d'avoir appris à reconnaître sa faiblesse. au pouvoir; recherche; sérieusement; étude;
Aussi ne fais-Je pas profession¨ de savoir la vérité et d'y atteindre, ¨ Le plus sage homme qui fut jamais¨ quand on lui demanda ce qu'il savait, répondit qu'il savait cela qu'il ne savait rien. prétention; arriver; Socrate;
Combien diversement jugeons-nous des choses? Combien de fois changeons-nous nos fantaisies? Ce que je tiens aujourd'hui et ce que je crois, je le tiens et le crois de toute ma croyance; mais ne m'est-il pas advenu¨ non une fois, mais cent, mais mille, et tous les jours, d'avoir embrassé¨ quel qu’autre chose que depuis j'aie jugée fausse? Au moins faut-il devenir sage a ses propres depens.¨ arrivé; accepté; coût;
Mais qu'est-ce donc qui est véritablement? Ce qui est éternel, c'est à dire ce qui n'a jamais eu de naissance, ni aura jamais de fin; à qui le temps n'apporte jamais aucune mutation.¨ Dieu seul est, non point selon aucune mesure du temps, mais selon une éternité immuable et immobile, non mesurée¨ par le temps, ni sujette ਠaucune déclinaison¨ changement; réglé; dépendant de; dégénération;
À cette conclusion si religieuse d'un homme païen¨ je veux joindre¨ seulement ce mot d'un témoin¨ de même condition; O la vile¨ chose, dit-il, et abjecte que l'homme, s'il ne s’élève au-dessus de l'humanité:"voilà un bon mot et un utile désir, mais pareillement¨ absurde. Car de faire la poignée plus grande que le poing et la brassée plus grande que le bras, et d’espérer enjamber plus que l’étendue¨ de nos jambes, cela est impossible et monstrueux.contre nature Ni que l'homme ne monte au-dessus de soi et de l'humanité: car il ne peut vois, que de ses yeux, ni saisir que de ses prises. Il s’élèvera si Dieu lui prête extraordinairement la main; il s’élèvera, abandonnant¨ et renonçant¨ a ses propres moyens, et se laissant et soulever par les moyens purement célestes.¨ ici: Platon; ajouter; personne qui prouve qqc; ici:Sénèque; basse; également; longueur; quittant; n’employant plus; du ciel};
C'est à notre foi chrétienne, non à sa vertu stoïque de prétendre¨ à cette divine et miraculeuse métamorphose. faire valoir ses droits;