5. François Villon

5.1. Ballade des Dames du Temps Jadis

passé;
Dites-moi où, en quel pays
Est Flora¨ , la belle Romaine, déesse romaine des fleurs;
Archipiades¨ , et Thaïs¨ , probablement Alcibiade; Réputée à Athènes pour sa beauté;
Qui fut sa cousine germaine,
Écho¨ parlant quand bruit on mène¨ nymphe; fait du bruit;
Sur la rivière ou sur l’étang,
Qui eut la beauté plus qu'humaine
Mais où sent les neiges d'antan¨ ? du passé;

 
Où est la sage Héloïs¨ Héloise avait une correspondance d'amour platonique avec Abélard;
Pour qui fut châtré et puis moine¨ religieux;
Pierre Abélard¨ à Saint Denis? théologien chrétien;
Pour son amour ce fut la peine¨ punition;
Semblablement, ¨ où est la reine également;
Qui commanda que Buridan¨ philosophe; instigateur du scepticisme religieux;
Fit jeté en un sac en Seine?
Mais où sont les neiges d'antan?

 
La reine Blanche comme lis¨ fleur blanche;
Qui chantait à voix de sirène,
Berthe au grand pied,¨ Biétris¨ , Alis¨ , mère de Charlemagne; aimée de Dante; Aliénor d'Aquitaine;
Harenburgis¨ qui tint le Maine, ¨ Arembour, comtesse du Maine, morte en 1226; fut maîtresse du Maine;
Et Jeanne¨ la bonne Lorraine Jeanne d'Arc;
Qu'anglais brûlèrent à Rouen,
Où sont-elles, Vierge souveraine?¨ la vierge Marie;
Mais où sont les neiges d'antan?

 
Prince, ne cherchez cette semaine
Ou elles sont, ni de cet an,
Pour qu'à ce refrain vous vous tienne
Mais ou sent les neiges d'antan?

 

5.2. Le Testament

LXXV
Il me souvient¨ bien, Dieu merci, je me rappelle;
Que je fis alors en partant¨ en quittant Paris;
Certains lais¨ l'an cinquante-six¨ poésies; en 1456;
Qu'aucuns¨ sans mon consentement, ¨ certain gens; permission;
Voulurent nommer Testament;
Ce fut leur plaisir, non le mien.
Mais quoi? on dit communément¨ souvent;
Qu'aucun n'est maître de son bien.

 
LXXXV
D'abord, je donne ma pauvre âme
À la très Sainte Trinité¨ Dieu en trois personnes;
La recommande a Notre Dame,
Séjour de¨ la divinité¨ qui a porté; Dieu;
Priant touts la charité¨ amour;
Des dignes¨ neuf Ordres¨ des cieux respectueux; hiérarcie des anges;
Que par eux ce don soit porté
Devant le Trône précieux.¨ de Dieu;

 
Ici se clôt¨ le testament finit;
Et finit du pauvre Villon.
Venez a son enterrement,
En entendant le carillon,
Vêtus¨ de rouge vermillon, habillés;
Il mourut en amour martyr.

 
Prince, fier comme émerillon, ¨ oiseau de proie;
Sachez ce qu'il fit au partir:
Il but bien du vin morillon¨ rouge sombre;
Quand de ce monde il dut partir.

 

5.3. Ballade des Pendus

Frères humains qui après nous¨ vivez, après notre mort;
N'ayez les cœurs contre nous endurcis¨ sans pitié;
Car, si pitié de nous pauvres avez
Dieu en aura plus tôt de vous merci¨ miséricorde;
Vous nous voyez attaches a cinq, six:
Quant à la chair¨ que trop avons nourrie, ¨ le corps; mangé;
Elle est déjà dévorée¨ et pourrie mangée;
Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
Que personne de notre mal se rie;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre¨ pardonner nos péchés;

 
Si nous vous nommons frères, n'en ayez
pas dédain¨ quoique¨ nous fussions occis¨ ne le rejetez pas; malgré le fait que; tués;
Par Justice. Toutefois¨ vous savez mais;
Que tout homme n'a pas bon sens¨ rassis¨ ? intéligence; sérieux;
Excusez-nous, -car nous sommes transis-,
Envers¨ le fils de la Vierge Marie, auprès de;
Que sa grâce ne soit pour nous tarie¨ mis à sec, fini;
Nous préservant¨ de l'infernale foudre.¨ conservant; feu de l'enfer;
Nous sommes morts, qu'aucun ne nous charrie¨ que personne se ne moque de nous;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre.

 
La pluie nous a lessivés¨ et lavés, nettoyés;
Et le soleil desséchés et noircis;
Pies, corbeaux, nous ont les yeux excavés¨ creusés;
Et arraché la barbe et les sourcils.
Jamais, nul temps, nous ne sommes rassis;¨ calme;
Puis ça, puis là, comme le vent varie,
À son plaisir sans cesse il nous charrie, ¨ fait balancer;
Plus becquetés d'oiseaux que dés à coudre.
Ne soyez pas de notre confrérie¨ compagnie;
Mais priez Dieu que tons nous veuille absoudre.

 
Prince Jésus, à qui tous est soumis,
Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie¨ fias que l'enfer ne nous domine pas;
À lui n'ayons que faire ni que soudre.
Hommes, il n'y a pas de moquerie
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre.