4. Le roman de la rose

ICI COMMENCE LE ROMAN DE LA ROSE
On dit qu'il n'y a dans les songes¨ rêves;
que des fables et des mensonges, ¨ contre-vérités;
mais parfois on peut bien songer¨ rever;
ce qui n'est pas si mensonger.
Quiconque¨ croit, quiconque dit tout celui qui;
que c'est vraiment de la folie¨ absurdité;
de croire qu'un songe est précieux, ¨ de valeur;
qu'il me tienne pour fou¨ s'il veut, sot;
mais pour moi il est établi¨ sur;
qu'un songe est une prophétie
et du bonheur et des ennuis;¨ malheurs;
car tant de gens songent la nuit
des choses formant¨ un secret: qui forment;
mais qu'on voit s'avérer¨ après. devenir réalité;
J'avais bien vingt ans de mon âge
a l'heure ou Amour prend¨ le page¨ ; domine;
des jeunes gens, je me couchai
un soir, comme à l'accoutume,¨ normalement;
Je m'endormis profondément,
et je vis un songe en dormant
qui fut très beau et qui me plut¨ fit plaisir;
Pourtant dans ce songe il n'y eut
rien qui ne se réalisa,
comme le songe l'annonça.
Je veux le¨ mettre tout en rime le songe;
pour que tous vos cœurs s'en animent
car c'est Amour qui le commande.
Et si un homme me demande
comment je veux que le roman
soit appelé, que j'entreprends¨ commence;
c'est bien le ROMAN DE LA ROSE,
ou l'Art d'Amour entier¨ s'expose¨ total; est raconté;
La matière en est benne et neuve.
Que Dieu donne que s'en émeuve¨ en soit touché;
celle pour qui je l'ai fini.
C'est elle qui tant de prix,
qui est si digne¨ d’être aimée en droit;
que:Rose, elle sera nommée.
Voile bien cinq ans, je songeai
que c'était au mois deux de mai,
au temps où toute chose est gaie;
car on ne voit buisson¨ , ni haie groupe de petits arbres;
qui au mois doux de mai ne veuille
se couvrir de nouvelles feuilles.
Joyeux¨ , gai et plein d'allégresse¨ de bonne humeur; plaisir;
Vers un beau ruisseau¨ je m'adresse.¨ petite rivière; je me rends;
Je vis un verger¨ large et grand lieu planté d'arbres;
tout clos¨ d'un haut mur crénelé fermé;
et peint dehors et tout gravés
de maintes¨ riches écritures. nombreuses;
Les images et les peintures
du mur volontiers¨ j'admirai; avec plaisir;
et moi, je vous raconterai
de ses images l'apparence¨ aspect;
ainsi que¨ j'en ai souvenance.¨ comme; souvenir;
Tout au milieu je vis la Haine
qui en tout courroux¨ , toute peine fureur;
sembla être une conseillère
coléreuse¨ et tracassière¨ furieuse; qui cherche à faire du mal;
elle était hideuse¨ et souillée¨ ; horrible à voir; sale;
Sa tête était entortillée¨ entourée;
hideusement d'une touaille.¨ bandeau;
Une image de même taille¨ hauteur;
à gauche d'elle a apparu,
et au-dessus d'elle se lut¨ on pouvait lire;
son nom qui était Félonie.¨ Infidélité;
Une image dont Vilainie¨ Méchanceté;
était le nom, a droite d'elle,
avait même face¨ que celle visage;
des deux autres, et même allure¨ aspect;
une mauvaise créature.
Puis était peinte Convoitise¨ désir excessif;
grâce à qui tant de gens s'avisent¨ essaient;
de prendre et de ne donner rien,
et de ramasser¨ de grands biens¨ réunir; possessions;
Une autre image était assise
tout à coté de Convoitise;
Avarice, elle était nommée,
Laide, sale et déguenillée¨ habillée de vêtements déchirés;
Après, elle était peinte Envie¨ Jalousie;
qui ne rit jamais de sa vie,
car sachez bien qu'elle s'irrite
quand a quelqu’un du bien profite.
Puis à coté d’Envie se dresse,
peinte en sa misère, Tristesse.
Il parait"¨ bien à sa couleur on peut voir;
qu'au cœur elle a grande douleur.
Puis Vieillesse était figurée¨ représentée;
qui était plus maigre d'un pied
que peu avant elle eut¨ été, aurait;
car a peine¨ elle pût¨ manger difficilement; pourrait;
tant elle était vieille et chenue;¨ blanche de vieillesse;
très laide elle était devenue.
Après, une autre était inscrite
qui sembla bien être hypocrite,
qui Papelardie¨ s'appelait; Hypocrisie;
c'est elle qui, tout en secret,
quand nul¨ ne peut le remarquer¨ , personne; voir;
n'a nulle honte¨ de pécher. n'hésite pas;
Ces images m'ont bien frappé¨ impressionné;
car elles, comme j'ai conté¨ raconté;
étaient en or et en azur,
peintes de toutes parts¨ au mur. partout;
Haut fut le mur et tout carré.
Par lui était bien enfermé
au lieu de haie, un grand verger
où jamais ne fut un berger¨ personne qui garde des moutons;
Quand j'y entendis des oiseaux,
Je me pris à chercher bientôt
par quel art et par quel moyen
je pourrais entrer au jardin.
Alors j'allai, à grande allure¨ très vite;
contourner toute la clôture¨ barrière;
et la cloison¨ du mur carré, séparation;
tant qu'une porte j'ai trouvée.
Là, je commençai à frapper,
car il n'y eut pas d'autre entrée.
Souvent j'ai frappé et tapé¨ syn. de frappé;
et maintes fois¨ j'ai écouté souvent;
si j'entendrais venir quelqu'un.
Ce huis¨ qui était peu commun¨ , porte; ordinaire;
fut ouvert par une pucelle¨ jeune fille;
qui était assez gente¨ et belle. gentille, aimable;
Quand la pucelle au corps joli
m'avait ouvert la porte ainsi,
je l'en remerciai beaucoup
et lui demandai d'un ton doux
son nom;et à cette prière¨ demande;
pour moi elle n’était pas fière¨ hautaine;
ni de répondre dédaigneuse¨ négative;
"Je m'appelle, fait-elle, Oiseuse¨ qui ne travaille pas;
Je suis lié et très ami
avec le doux et bon Déduit¨ plaisir;
et c'est à lui qu'est ce jardin.
Du pays des Alexandrina
il fit ces arbres ramener
qu'il mit par le verger entier."
Quand Oiseuse m'avait parlé,
et que je l'avais écouté,
j'entrai alors, sans dire un mot,
par le huis ouvert aussitôt,
au verger.Quand je fus dedans,
je fus heureux et tout content;
et sachez que je pensai être
vraiment au paradis terrestre.
Peu après je trouvai Déduit;
car maintenant en un réduit¨ endroit caché;
j'entrai ou Déduit se trouvait;
c'est ls que Déduit s'amusait,
et des gens si beaux, si jolis
que je ne sus, quand je les vis,
d'où donc de si beaux gens pouvaient
être venus, car tous semblaient
de race noble, des héros;
jamais on ne vit de plus beaux.
Ces gens, dont je parle en paroles,
s'étaient tous mis a la charole¨ ; sorte de danse;
et une Dame leur chantait;
Liesse¨ elle s'appelait. Joie;
Debout, je regardai, content,
la charole jusqu'au moment
qu'une dame, des plus jolies,
m'entrevit¨ :ce fut Courtoisie¨ aperçut; Amabilité;
Alors Courtoisie m'appela.
"Bel ami, que faites-vous la?
a fait Courtoisie, là; venez
pour qu'avec nous vous vous mettiez
à la charolle, s'il vous plait."
Et sans retard et sans arrêt,
à la danse j'ai bien dansé,
sans être trop embarrassé.¨ gêné, troublé;
De là je partis peu après
et m'en allai seul m'amuser.
En un très beau lieu j'arrivai
en un endroit ou je trouvai
une fontaine sous un pin.¨ sorte d'arbre;
C'est depuis Charles et Pepin
qu'un si beau pin ne fut pas vu:
si haut celui-ci avait cru¨ poussé, grandi;
que là c'était le plus haut arbre.
Et dans une pierre de marbre
une fontaine eut été mise¨ placée;
par Rature, à grande maîtrise.
sur la pierre furent inscrites,
an bord, des lettres très petites
qui disaient que là, sur ce bord,
le joli Narcisse ¨ était mort. personnage mythologique;
Et dans la fontaine, en aval ¨ côté vers lequel la rivière descend;
étaient II pierres de cristal.
C'est là le miroir périlleux¨ dangereux;
où Narcisse, cet orgueilleux¨ arrogant, hautain;
mira sa face¨ et ses yeux verts. visage;
Il en tomba mort à l'envers.
Ici aucun conseil n'est bon:
le fils de Vénus, Cupidon
sema¨ d'Amour ici la graine jeta;
qui couvre toute la fontaine.
Pour la graine qui fut semée
la fontaine fut appelée:
Fontaine d'Amour, a bon droit.
Plusieurs en ont, en maints¨ endroits, beaucoup d';
en romans et livres, parle,
mais jamais mieux vous n'entendrez
la vérité de la matière
quand j'aurai montré son mystère.
C'est que ce miroir m'a déçu¨ désillusioné;
et si, avant, j'avais connu¨ su;
quelle en était la qualité,
je ne m'y serais pas miré.
Au miroir, entre mille choses,
je vis des rosiers pleins de roses
qui étaient en un lieu secret,
et tout entourés d'une haie.
Vers les rosiers tantôt¨ j'allais. vite;
Et sachez, quand je fus tout près,
l'odeur des roses tant prisées
jusqu'aux entrailles¨ m'est entrée. bas du corps;
Parmi les autres j'ai choisi
une très belle, auprès¨ de qui à côté;
aucune autre ne valait rien.
C'est elle que j'avisai¨ bien, apreçus;
car une couleur l'enlumine¨ la colore;
qui est si vermeille et si fine
que Nature ne put mieux faire.
Et des feuilles bien quatre paires
par Nature, a grande maîtrise,
à tour de rôle¨ y furent mises. tour à tour;
Quand son odeur je l'ai sentie,
de partir je n'eus plus envie¨ désir;
mais je m'approchai¨ pour la prendre. vins plus près;
Mes mains allaient déjà se tendre¨ , avancer;
mais des chardons¨ aigus¨ piquants plante avec des piquants; pointus;
m'en ont fait bien rester distant.¨ éloigné;
Le dieu d'Amour, qui, l'arc tendu,
avait depuis longtemps voulu
me poursuivre pour m'épier,
s’arrêta sous un figuier¨ arbre fruitier;
et quand il avait aperçu
qu'ainsi j'avais alors élu¨ choisi;
ce bouton¨ qui plus me plaisait ici: fleur;
qu'aucun autre ne l'avait fait,
il prit sa flèche dans sa poche.
Quand la corde fut à l'encoche, ¨ à l'entaille de la flèche;
il a tendu jusqu’à l’oreille
l'arc, qui était fort a merveille¨ merveilleusement;
tirant sur moi, par tel génie?
que par l’œil au cœur il m'a mis
sa flèche par grande vigueur¨ force;
Alors m'a pris une froideur
qui fit, sous ma chaude pelisse, ¨ manteau de fourrure;
que maintes¨ frissons¨ je sentisse. beaucoup de; tremblements;
Alors, vite, Amour est venu
A moi, tantôt, a pas menus?
et en venant il me cria:
"Vassal¨ tu es pris¨ tu n'as pas homme dépendant; en mon pouvoir;
À t'enfuir, ni à te défendre.
Ne résiste pas¨ à te rendre.¨ ne fais pas d'opposition; livrer;
Plus volontiers tu te rendras,
plus tôt à merci tu viendras.¨ on aura pitié de toi;
Et moi, je veux bien t'enseigner¨ apprendre;
que tu ne peux rien y gagner
par félonie¨ ni par orgueil¨ infidélité; arrogance;
Mais rends-toi, puisque je le veux
en paix et débonnairement.¨ sans vouloir du mal;
Moi, je répondis maintenant:
"Oui, par Dieu, je veux bien me rendre,
Contre vous ne pas me défendre."
Amour répond:"Ne t'émeus¨ pas. te trouble;
Puisque¨ tu veux suivre mes pas, parce que;
je reçois ton service à gré¨ avec plaisir;
je te mets au premier degré¨ plan, place;
Si, en loyauté, tu te tiens,
je te donnerai tel moyen
qui de ta plaie¨ te guérira. blessure;
Mais, par ma tête, il paraîtra¨ je constaterai bien;
si de bon cœur tu serviras,
et comment tu accompliras¨ réaliseras;
nuit et jour les commandements
que je commande aux fins amants."
"Sire, fis-je, par Dieu, merci.
Avant que vous partiez d'ici,
Donnez-moi vos commandements;
je suis prêt à les faire à temps, "
Amour répond:"Tu parles bien;
Or, écoute-moi et retiens:
Sois toujours courtois¨ et aimable, galant;
doux en paroles, raisonnable.
Garde-toi¨ bien que tu n'emploies fais attention;
des mots sales ni grivois¨ obscène;
Sers toute femme, honore-les,
à les servir sois toujours prêt
Le premier bien qui réconforte¨ redonner du courage;
ceux que le lacs¨ d'Amour emporte¨ piège, trappe; prend;
est Doux penser, qui leur rappelle
ce qu’Espérance porte en elle.
Et l'autre bien est Doux parler,
qui donna a maints¨ bacheliers¨ beavoup de; jeune homme;
et à maintes dames secours.¨ aide;
car chacun qui de son amour
entend parler, s'en réjouit¨ en a du plaisir;
Il me souvient¨ que, pour ceci, je me rappelle;
une pucelle¨ qui aimait jeune fille;
a dit un jour un mot courtois¨ : galant;
"Je suis, dit-elle, bien ravie"
quand on parle de mon ami."
Le troisième bien à chercher
est Doux Regard, qui sait aider
ceux qui on un amour lointain.
Je t'engage¨ que tu te tiens conseille;
bien près de Doux Regard, sans honte,
pour que son aide te soit prompte,
car il est pour es amoureux
très délectable¨ et savoureux.¨ agréable; délicieux;
Sitôt¨ maintenant qu'Amour m'eut immédiatement quand;
dit son fait, je ne le vis plus,
car il s'était vite éclipsé.¨ s'en était allé;
Alors, j’étais bien étonné.
Or, lss rosiers de la haie furent
fermés autour, comme ils le durent,
Mais j'aurais bien voulu passer
par la cloison¨ pour m'emparer¨ séparation; prendre;
du bouton¨ à l'odeur légère, fleur;
si je ne pensais pas mal faire,
car il aurait bien pu sembler
que Je voulusse les voler.
Comme, ainsi, je réfléchissais
si par la haie je passerais,
Je vis venir vers moi, tout droit,
un jeune homme, beau, doux et droit,
en qui de mal il n'y eut rien;
Bel Accueil¨ , il s'appelait bien qui reçoit bien les invités;
Le fils de Courtoisie la large¨ généreuse;
Celui-ci m'ouvrit le passage
de la haie et très doucement;
Et il me dit aimablement1:
"Bel ami cher, ah!, s'il vous plaît,
passez la haie donc sans arrêt
pour l'odeur des roses sentir.
Je peux très bien vous garantir:
Vous n'aurez mal ni vilenie¨ chose ignoble;
Et si vous vous gardez¨ de folies¨ abstenez; sottises;
Très bien Bel Accueil me servit:
le bouton, de près je le vis.
Mais un vilain¨ , qu'il soit damné¨ infâme; envoyé aux diables;
tout près de là était caché;
C'était; Danger, il était bien
de tous les rosiers le gardien.
Le traître¨ fut en lieu¨ caché, infidèle; place, endroit;
tout couvert d'herbe et de feuillée
pour épier¨ et pour surprendre regarder en secret;
ceux qui voulaient les roses prendre.
Il ne fut pas seul, le félon, ¨ ignoble;
mais il avait pour compagnons
Male Bouche, la médisante¨ qui dit du mal;
Honte et Peur, ses amies mechantes.
Alors Bel Accueil s'est enfui,
et je restai, tout ébahi.¨ perplexe;
Ainsi, très longtemps j'ai été,
tant que me vit, ainsi mâté, ¨ dompté;
la dame de la haute garde,
qui de sa tour partout regarde.
C'est Raison qu'elle s'appelait.
De sa tour elle descendait,
tout droit à moi elle est venue.
Ni jeune, elle n'est ni chenue, ¨ blanche de vieillesse;
ni par trop haute, ni trop basse,
ni trop grêle¨ ni par trop grasse. maigre;
C'est ainsi que Raison commence:
"Bel ami, Folie¨ et enfance sotise;
t'ont mis en peine¨ et en regret.¨ difficultés; chagrin;
A tort¨ tu vis le mois de mai pour ton malheur;
par lequel ton cœur s'égayait.¨ devenait gai;
C'est a tort que tu es allé
an verger, dont Oideuse porte
la clef, dont elle ouvrit la porte.
Fou est celui qui à Oiseuse
se lie:elle est trop périlleuse.¨ dangereuse;
elle t'a trahi¨ et deçu¨ été infidèle; désillusioné;
Amour ne t'aurait jamais vu,
si Oiseuse ne l'eut conduit
an verger qui est à Déduit.
Tu dois bien te mettre en défense
contre tout ce que ton cœur pense.
Celui qui croit toujours son cœur,
ne peut prévenir le malheur."
Je restai seul, rageur¨ chagrin¨ : furieux; triste;
souvent je pleure et je me plains.
Moi, je ne savais plus que croire,
tant qu'il me vint à la mémoire
qu'Amour m'avait dit de chercher
un compagnon à qui conter¨ je pouvais raconter;
mes aventures, pleinement;¨ entièrement;
cela m'ôterait(chasserait mes tourments¨ peines};
Alors je trouvai que j'avais
un compagnon que je savais
tout loyal;Ami, il se nomme,
le meilleur compagnon des hommes.
J'allai à lui à grande allure, ¨ très vite;
lui dis la mauvaise aventure
dont je me sentais entouré,
comme Amour m'avait conseillé.
Quand Ami sut la vérité
il ne m'a pas épouvanté, ¨ fait peur;
mais il m'a dit: Ami, soyez
tranquille¨ , sans vous effrayer.¨ calme; avoir peur;
Il m'a un peu réconforté¨ , redonné du courage;
et il me sut persuader¨ faire décider;
d'aller hardiment¨ essayer avec courage;
d'apaiser¨ quelque peu Danger. calmer;
A Danger j'arrivai honteux, ¨ confus, penaud;
de faire la paix désireux.
Mais je ne passai pas la haie,
parce qu'il me le défendait.
Et quand j’étais en cette peine,
alors voilà que Dieu m’amène
Franchise¨ avec elle Pitié, Loyauté;
qui n'ont pas très longtemps tardé.¨ attendu;
À Danger elles sont venues,
car l'une et l'autre ont bien voulu,
si elles pouvaient, m'assister:
elles voient que c'est ordonné.¨ nécessaire;
Alors, la première à parlé,
Franchise, qu'elle soit louée¨ honorée, glorifiée;
Elle dit:"Ah!si Dieu m'entend,
vous faites tort¨ à cet amant, un action critiquable;
qui par vous est trop maltraité.
Sachez:vous vous avilissez¨ déshonorez;
car je n'ai pas encore appris¨ entendu dire;
qu'en rien il se soit mal conduit.
Par force¨ Amour le fait aimer, en le forçant;
devez-vous, pour ce¨ l'en blâmer¨ ?" cela; critiquer;
Pitié dit:"C'est la vérité
que douleur vainc¨ humilité¨ triomphe de; soumission;
et quand dure trop la douleur,
c'est félonie¨ et déshonneur. méchanceté;
C'est pour ce, Danger, que j’espère
que vous ne ferez plus la guerre
au chétif¨ qu'on voit languir¨ , misérable; soufrir;
qui jamais d' amour de frauda.
Souffrez¨ que Bel Accueil lui fasse tolérez;
maintenant déjà quelque grâce."
Danger de put plus fulminer,
Il lui faut bien se modérer¨ calmer;
"Dames, dit-il, vraiment, je n'ose
plus vous refuser cette chose:
ce serait grande vilenie.¨ méchanceté;
Je veux qu'il ait la compagnie
de Bel Accueil, si ça vous plaît;
Je n'y mettrai aucun arrêt."
Bel Accueil au commencement,
me salua très doucement.
Alors il n'a pris par la main
pour me mener dans le jardin.
Et la longtemps je suis resté;
car en Bel Accueil j'ai trouvé
la sympathie et l'amitié.
Voyant qu'il ne m'a refusé
ni son aide, ni son service,
une chose je l'ai requise¨ demandé;
digne de la lui rappeler:
"Sire, dis-Je, vraiment, sachez
que mol, je suis très désireux
d'avoir un baiser précieux
de la rose à l'odeur légère;
et s'il ne va pas vous déplaire,
je vous le demande en présent¨ cadeau;
Dites-moi, par Dieu tout-puisant,
S'il vous plaît bien, que je la baise
a moins que sa ne vous déplaise."
"Ami, fait-il, par Dieu, c'est vrai,
si Chasteté¨ ne m'en voulait¨ Décence, Pureté; n'était pas fâché contre moi;
Je te l'aurais bien accordé¨ permis;
Je n'ose pas pour¨ Chasteté." à cause de;
Quand j'entends ainsi sa réponse,
à en parler plus je renonce."
Mais Vénus, guerroyant¨ toujours qui fait la guerre;
Chasteté, me vint au secours¨ à l'aide;
En elle il n'y a point¨ d'orgueil. pas;
Vénus se rend¨ à Bel Accueil, va;
et a commencé à lui dire:
Pourquoi vous rendez-vous¨ beau sire, êtes-vous;
À cet amant si opposé
à ce qu'il ait un doux baiser?
Pourquoi vous le lui défendez?
Vous savez bien et vous voyez
qu'il sert et aime en loyauté;
mais il a assez de beauté ’
pour qu'il soit digne¨ d’être aimé. ait le droit;
Voyez comme il est distingué."
Bel Accueil, qui sentit l'ardeur¨ chaleur;
du brandon¨ sans plus de lenteur, feu de la passion;
me permit un baiser en don;
tant¨ fit Vénus et ses brandons. voilà que;
Puis, après, je n'ai plus tardé¨ attendu;
je pris à la rose un baiser
doux et exquis, et sans répit¨ immédiatement;
j'étais heureux, sans contredit,
car une odeur m'entra au corps
qui jeta la douleur dehors
et adoucit les maux d'amour
si amers¨ pendant tant de jours. qui étaient si pénibles;
Ici il est bon que le conte
comment je fus livré a Honte;
par qui je fus bien tourmenté¨ martyrisé;
et comment le mur fut dressé¨ élevé;
et le château, si riche et fort
que prit Amour par ses efforts.
Male Bouche, qui bien devine¨ sait par intuition;
ce que beaucoup d'amants ruminent¨ veulent faire;
qui fait tout le mal qu'elle sait,
s'aperçut du présent parfait
que Bel Accueil daignait¨ me faire. voulait;
Alors, elle ne put se taire¨ ne pas parler;
Là, Male Bouche commença
a m'accuser de ci de ça.
Alors, Danger s'est redressé,
prenant un air¨ tout courroucé¨ allure; furieux;
Il prend un bâton à la main
et cherche dans tout le jardin
s'il ne trouve sentier¨ ni trace petit chemin;
ni trou¨ a boucher¨ là, sur place. ouverture; fermer;
Il est bien temps que je recite¨ raconte;
de Jalousie l'âpre¨ conduite¨ pénible; manière de faire;
car elle eut de mauvaise soupçons¨ mauvaise opinions sur qqn;
Au pays ne reste maçon¨ ouvrier qui bâtit des maisons;
ni ouvrier qu' elle n'emploie¨ prend à son service;
faisant faire d'abord tout droits,
auteur des rosiers des fossés,
qui d'argent, coûtèrent assez
et qui sont larges et profonds.
Sur les fossés les maçons font
un mur de pierres bien taillées¨ coupées;
qui n'est pas sur sable basé
mais fondé sur roche très dure
Le fondement tout sur mesure,
Jusqu'au fond des fossés descend,
à très grande hauteur montant.
Et au milieu de ce jardin
ils ont fait une tour très bien
La tour fut faite toute ronde;
il n'y eut de plus riche au monde.
Jalousie a mis une garde
au grand château dont je vous parle.
Et je pense que Danger porte
la clef de la première porte,
celle qui ouvre sur l'orient¨ l'est;
Et elle a bien XXX sergents
qui travaillent tous à son compte¨ pour elle;
Et l'autre porte garde Honte:
et elle¨ ouvre sur le midi. la porte;
Elle¨ est rusée¨ et je vous dis, Honte; adroite, habile;
qu'elle a des gens en quantité
prêts à faire sa volonté¨ ce qu'elle veut;
Peur a de nombreux chevaliers;
elle fut choisi pour garder
l'autre porte, celle qu'on trouve
à gauche, et qui sur le nord s'ouvre.
Male Bouche, -que Dieu châtie"!
a des soldats de Normandie;
elle surveille le huis¨ droit; la porte;
et sachez bien qu'aux autres trois
elle va souvent qu'elle sait
Que la nuit elle fait le guet¨ la garde;
Jalousie, -que Dieu la confonde¨ ! trouble;
a bien équipé¨ la tour ronde; peuple de soldats;
et sachez bien qu'elle y a mis
des plus privés¨ de ses amis, intimes, fidèles;
c'est une grande garnison.
Et Bel Accueil est en prison,
là dans cette tour, enfermé;
la porte en est trop bien barrée.¨ fermée;
Aussitôt¨ donc que Jalousie immédiatement;
se fut de Bel Accueil saisie¨ avait arrêté B.A.;
et qu'elle l'eut fait emmurer, ¨ enfermer;
Son château, qu'elle vit si fort,
lui a donné du réconfort¨ courage;
Les rosiers sont bien enfermés.
Et en dormant et réveillée
elle peut en être très sûre.
Mais moi, qui suis hors de ces murs
je suis livre à deuil¨ , à peine tristesse;
Qui saurait quelle vie je mène
devrait avoir pitié de moi;
Amour me fait, de tout son poids¨ le plus possible;
payer les biens qu'il m'a prêtés;
que j'aurais voulu acheter.
Je crains avoir perdu aussi
mon espérance¨ et mon crédit¨ confiance dans l'avenir; respect des autres;
Hé! Bel Accueil, beau, doux ami,
si en prison vous êtes mis,
gardez-moi votre cœur sincère;¨ fidèle, loyal;
ne souffrez¨ d'aucune manière tolérez;
que Jalousie, cette sauvage¨ cruelle, brute;
vous mette tout en esclavage¨ dépendance totale;
mais je suis beaucoup angoissé¨ plein de peur;
que vous m'ayez presque oublié.
J'en ai grand deuil¨ et désespoir; tristesse;
jamais je n'aurai plus d'espoir,
si je perds votre bienveillance;¨ bonne volonté;
je n'ai pas d'autre confiance.