(Extraits de la traduction et adaptation de Joseph Bédier, http://www.gutenberg.org/ebooks/42256, des fragments du texte de ±1165 par Béroul, des fragments du texte de ± 11745 par Thomas)
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Vous plaît-il¨
d'entendre, Seigneurs,
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voulez-vous;
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Un conte d'amour et de mort?
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C'est de Tristan et d'Iseut la reine
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Écoutez à grand joie, à grand deuil¨
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tristesse;
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Ils s'aimèrent, puis moururent'
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Un même jour, lui par elle, elle par lui
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Au temps anciens, le roi Marc régnait en Cornouailles.¨
Ayant appris¨
que ses ennemis le guerroyaient, Rivalen, roi de Loonnois, franchit¨
la mer pour lui porter son aide. Il le servit par l'épée et par le conseil, comme eût fait un vassal, si fidèlement que Marc lui donna en récompense¨
la belle Blanchefleur, sa sœur, que le roi Rivalen aimait d'un merveilleux amour.
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cornwall;
entendu dire;
traversa;
pour le remercier;
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Il la prit à femme au moutier¨
de Tintagel. Mais à peine l'eut-il épousée,¨
la nouvelle lui vint que son ancien ennemi, le duc Morgan, ruinait ses bourgs,¨
ses champs, ses villes. Rivalen partit pour soutenir¨
sa guerre.
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église;
peu après le mariage;
villages;
faire;
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Blanchefleur l'attendit longuement. Hélas! il ne devait pas revenir. Un jour, elle apprit¨
que le duc Morgan l'avait tué en trahison.¨
Elle ne le pleura point.¨
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on lui dit;
perfidement;
pas;
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Trois jours elle attendit de rejoindre¨
son cher seigneur. Au quatrième jour, elle mit au monde un fils, et, l'ayant pris entre ses bras: "Fils, lui dit-elle, j'ai longtemps désiré de te voir; et je vois la plus belle créature que femme ait jamais portée. Triste j'accouche,¨
triste est la première fête que je te fais, à cause¨
de toi j'ai tristesse à mourir. Et comme ainsi tu es venu sur terre par tristesse, tu auras nom Tristan." Quand elle eut dit ces mots, elle le baisa, et, sitôt qu'¨
elle l'eut baisé, elle mourut.
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aller à;
met au monde un enfant;
pour;
immédiatement après qu';
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Rohalt le Foi-Tenant¨
recueillit¨
l'orphelin et l'éleva parmi ses fils.
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Qui tient ses promesses;
prit chez lui;
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Après sept ans accomplis, lorsque le temps fut venu de le reprendre aux femmes, Rohalt confia¨
Tristan à un sage maître, le bon écuyer¨
Gorvenal. Gorvenal lui enseigna¨
en peu d'années les arts qui conviennent¨
aux barons.
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donna;
page;
apprit;
sont bons pour;
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Un jour, Tristan, emmenant avec lui le seul Gorvernal, appareillera¨
pour la terre du roi Marc.
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partit en bateau;
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Quand Tristan y entra, Marc et toute sa baronnerie menaient grand deuil.¨
Car le roi d’Irlande avait équipé ¨
une flotte¨
pour ravager la Cornouailles, si Marc refusait encore, ainsi¨
qu'il faisait depuis 15 ans, d'acquitter¨
un tribut¨
jadis¨
payé par ces ancêtres.¨
Or, ¨
cette année, le roi avait envoyé un chevalier géant, ¨
le Morholt, que nul n'avait jamais pu vaincre¨
en bataille.
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tristesse;
préparé;
des bateaux;
comme;
payer;
contribution forcée;
au passé;
pères;
mais;
très grand personne;
triompher;
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Au terme marqué,¨
quand les barons furent ensemble dans la salle voûtée¨
du palais le Morholt parla ainsi:
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moment fixé;
qui a une coupole;
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"Roi Marc, entends pour la dernière fois le mandement¨
du roi d'Irlande, mon seigneur. Il te sermont ¨
de payer enfin le tribut¨
que tu lui dois. Pourtant,¨
si quelqu'un de tes barons veut prouver¨
par bataille¨
que le roi d'Irlande lève¨
ce tribut contre le droit, j'accepte son gage.¨
Lequel d'enter vous, seigneurs Cornouailles, veut combattre pour la franchise¨
du pays?
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ordre;
ordonne;
contribution;
mais;
montrer;
duel;
impose;
déclaration;
liberté;
|
Les barons se regardaient entre eux à la dérobée,¨
puis baissaient¨
la tête. Alors Tristan s'agenouilla¨
aux pieds du roi Marc et dit:
|
en secret;
laissaient tomber;
se mit à genoux;
|
"Seigneur roi, s'il vous plaît m'accorder¨
ce don, je ferai la bataille.
|
donner;
|
En vain,¨
le roi Marc voulut l'en détourner. Il était si jeune chevalier; de quoi lui servirait sa hardiesse?¨
Mais Tristan donna son gage¨
au Morholt, et le Morholt le reçut.
|
sans résultat;
courage;
promesse;
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Nul¨
ne vit l'âpre¨
bataille. Enfin, vers l'heure de none,¨
on vit au loin la voile pourpre; la barque de l'Irlandais se détacha de¨
l'île, et une clameur¨
de détresse¨
retendit:¨
"Le Morholt! Le Morholt!" Mais, comme la barque grandissait, soudain, ¨
au sommet d'une vague,¨
elle montra un chevalier qui se dressait¨
à la proue;¨
c'était Tristan. Mais quand, parmi les chants d'allégresse,¨
Tristan parvint¨
au château, il s'affaissa¨
entre les bras du roi Marc; et le sang ruisselait¨
de ses blessures: un sang venimeux.¨
|
personne;
dure;
15:00;
quitta;
cri;
misère;
se fit entendre;
quand tout à coup;
flot;
s'élévait;
partie avant;
joie;
arriva;
tomba;
sortait;
plein de venin;
|
Les médecins connurent¨
que le Morholt avait enfoncé ¨
dans sa chair¨
un épieu¨
empoisonné,¨
et comme leurs boissons ne pouvaient le sauver, ils le remirent¨
à la garde¨
de Dieu.
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trouvèrent;
mis;
corps;
lance;
venimeux;
laissèrent;
protection;
|
Tristan songea:¨
"Il me faut mourir. Il est doux,¨
pourtant, de voir le soleil, et mon cœur est hardi¨
encore. Je veux tenter¨
la mer aventureuse ... Je veux qu'elle m'emporte au loin, seul. Il supplia ¨
tant que le roi consentit ¨
à son désir.¨
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pensa;
bon;
courageux;
chercher ma chance sur;
demanda cette grâce;
dit "oui";
ce qu'il voulait;
|
Sept jours et sept nuits la mer l’entraîna¨
doucement. Enfin, la mer, à son insu,¨
l'approcha¨
d'un rivage.¨
Des pécheurs l'accueillirent.¨
Hélas! ce port était Weisenfort et leur dame était Iseut la Blonde. Elle seule, habile aux philtres, ¨
pouvait sauver Tristan; mais , seule parmi les femmes, elle voulait sa mort. Quand Tristan, ranimé par son art, se reconnut,¨
il comprit qu'il fallait partir; il s'échappa¨
et après maints¨
dangers couru, un jour il reparut devant le roi Marc.
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emporta;
sans qu'il le sache;
le porta plus près de;
bord;
prirent chez eux;
boissons magiques;
vit où il était;
se sauva;
beaucoup de;
|
Il y avait à la cour du roi Marc quatre barons, les plus félons¨
des hommes, qui haïssaient¨
Tristan de male haine.¨
Connaissant¨
que leur roi méditait ¨
de vieillir sans enfants pour laisser sa terre à Tristan, leur envie¨
s'irrita et ils pressèrent le roi Marc de prendre à femme une fille de roi, qui lui donnerait des hoirs.¨
Marc leur dit:"Pour vous complaire,¨
seigneurs, je prendrai femme, si toutefois vous voulez quérir celle que j'ai choisie."
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perfides;
contraire de: aimer;
aversion;
trouvant;
avait l'intention;
jalousie;
enfant à qui laisser le trône;
faire plaisir;
|
"Certes,¨
nous le voulons, beau seigneur. Qui est donc celle que vous avez choisie?"
|
certainement;
|
"J'ai choisi celle à qui fut cheveux d'or et sachez que je n'en veux pas d'autre."
|
|
"Et de quelle part,¨
beau seigneur, vous vient ce cheveux d'or? Qui vous la porte? Et de quel pays?"
|
d'où;
|
"Il me vient, seigneurs, de la Belle aux cheveux d'or; deux hirondelles¨
me l'ont porté; elles savent de quel pays."
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sorte d'oiseaux;
|
Les barons comprirent qu'ils étaient raillés¨
et déçus.¨
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ridiculisés;
désillusionnés;
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Mais Tristan, ayant considéré¨
le cheveu d'or, se souvint¨
d'Iseut la Blonde. Il sourit et parla ainsi:
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regardé;
rappela;
|
"Roi Marc, j'irai quérir¨
la Belle aux cheveux d'or."
|
chercher;
|
Il équipa¨
une belle nef,¨
et gagna¨
la terre périlleuse.¨
|
prépara;
bateau;
arriva à;
dangereuse;
|
Or, un matin, au point¨
du jour, il ouït¨
une voix si épouvantable¨
qu'on eût dit le cri d'un démon.
|
début;
entendit;
terrible;
|
Il appela une femme qui passait sur le port:
|
|
"Dites-moi, " fait-il, "dame, d'où vient cette voix que j'ai ouïe¨
?"
|
entendu;
|
Elle vient d'une bête fière et la plus hideuse¨
qui soit au monde. Chaque jour, elle descend de sa caverne¨
et s'arrête à l'une des portes de la ville. Nul¨
n'en peut sortir, nul n'y peut entrer, qu'¨
on n'ait livré¨
au dragon une jeune fille; et, dès¨
qu'il la tient entre ses griffes, il la dévore.¨
|
d'aspect terrible;
grotte;
personne;
avant qu';
donné;
immédiatement quand;
mange;
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Vingt chevaliers éprouvés¨
ont déjà tenté l'aventure;¨
car le roi d'Irlande a proclamé qu'il donnerait sa fille Iseut la Blonde à qui tuerait le monstre; mais le monstre les a tous dévorés.¨
" Tristan quitte la femme et retourne vers sa nef.¨
Il s'arme en secret. Soudain, ¨
sur la route, cinq hommes fuyaient¨
vers la ville.Tristan saisit¨
au passage l'un d'entre eux et le maintint arrêté: "Dieu vous sauve, beau sire!" dit Tristan; "par quelle route vient le dragon?" Et quand le fuyard lui eut montré la route, Tristan le relâcha.¨
|
expérimenté;
osé affronter;
mangés;
bateau;
tout à coup;
allaient à hâte;
prit;
lui rendit la liberté;
|
Le monstre approchait.¨
|
venait plus près;
|
Tristan lança contre lui son destrier d'une telle force que la lance vola en éclats.¨
Vainement:¨
il ne peut le blesser. Alors, le dragon vomit¨
par les naseaux¨
un double jet de flammes venimeuses:¨
le haubert ¨
de Tristan noircit son cheval s'abat et meurt. Mais, aussitôt ¨
relevé, Tristan enfonce ¨
sa bonne épée dans la gueule¨
du monstre: elle y pénètre¨
toute et lui fend¨
le cœur en deux parts. Le dragon pousse¨
une dernière fois son cri horrible et meurt.
|
morceaux;
sans résultat;
rejeta;
le nez;
pleines de venin;
armure;
immédiatement;
met;
bouche;
entre;
coupe;
fait entendre ;
|
Tristan lui coupa la langue et la mit dans sa chausse.¨
|
sac;
|
Arrivé devant le roi, il montra la langue du dragon et parla ainsi:
|
|
"Seigneurs, j'ai tué le Morholt. Afin¨
de racheter¨
le méfait,¨
j'ai mis mon corps en péril¨
de mort et je vous ai délivré¨
du monstre et voici que j'ai conquis¨
Iseut la Blonde, la belle. L'ayant conquise, je l'emporterai donc sur ma nef. Mais, afin ¨
que par les terres d'Irlande et de Cornouailles se répande ¨
non plus la haine, mais l'amour, sachez que le roi Marc l’épousera.¨
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pour;
réparer;
crime;
danger;
sauvés;
gagné;
pour faire;
s'étale;
va se marier avec elle;
|
Quand le temps approcha de remettre Iseut aux chevaliers de Cornouailles, sa mère recueillit des herbes, des fleurs et des racines, les mêla dans du vin, et brassa¨
un breuvage¨
puissant.¨
L'ayant achevé¨
par science¨
et magie, elle le versa¨
dans un coutret¨
et dit secrètement à Brangien: Fille, tu dois suivre Iseut au pays du roi Marc . Prends donc ce coutret de vin et retiens¨
mes paroles.¨
Car telle est sa vertu:¨
ceux qui en boiront ensemble s'aimeront de tous leurs sens et de toute leur pensée, à toujours, dans la vie et dans la mort. Brangien promit à la reine qu'elle ferait selon sa volonté.¨
|
prépara;
boisson;
fort;
fini;
connaissances;
mit;
vase;
n'oublie pas;
ce que je te dis;
les qualités;
ce qu'elle voulait;
|
La nef,¨
tranchant les vagues profondes,¨
emportait Iseut. Mais, plus elle s'éloignait¨
de la terre d'Irlande, plus tristement la jeune fille se lamentait. Où ces étrangers l'entraînaient-¨
ils? Vers qui? Vers quelle destinée?¨
Quand Tristan s'approchait¨
d'elle et voulait l'apaiser¨
par de douces paroles, elle s'irritait, le repoussait, et la haine¨
gonflait¨
son cœur.
|
bateau;
traversant la mer;
allait loin;
emportaient;
vie;
venait près d'elle;
calmer;
(contraire d'amour);
entrait dans;
|
Tristan vint vers la reine et tâchait¨
de calmer son cœur. Comme le soleil brûlait¨
et qu'ils avaient soif, ils demandèrent à boire. L'enfant chercha quelque breuvage, tant qu'elle découvrit le coutret¨
confié¨
à Brangien par la mère d'Iseut. "J'ai trouvé du vin!" leur cria-t-elle. Non, ce n'était pas du vin: c'était la passion, c'était l'âpre¨
joie et l'angoisse¨
sans fin, et la mort. L'enfant remplit un hanap et le présenta à sa maîtresse. Elle but à longs traits, puis le tendit à Tristan, qui le vida.
|
faisait ce qu'il pouvait;
était chaude;
vase;
donné secrètement;
dure;
terreur;
|
A cet instant,¨
Brangien entra et les vit qui se regardaient en silence,¨
comme égarés¨
et comme ravis.¨
Elle vit devant eux le vase presque vide et le hanap. Elle gémit:¨
"Malheureuse! maudit soit¨
le jour où je suis née et maudit le jour où je suis montée sur cette nef!" Et, quand le soir tomba, sur la nef qui bondissait¨
plus rapide vers la terre du roi Marc, liés¨
à jamais,¨
ils s'abandonnèrent ¨
à l'amour.
|
moment;
sans parler;
fous;
en extase;
se lamentait;
malheur au;
courait;
unis;
pour toujours;
se donnèrent;
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Le roi Marc accueillit¨
Iseut la Blonde au rivage.¨
Tristan la prit par la main et la conduisit ¨
devant le roi; le roi se saisit d'elle¨
en la prenant à son tour par la main. À grand honneur il la mena¨
vers le château de Tintagel.
|
reçut;
bord de la mer;
fit aller;
l'accepta;
fit aller.;
|
À dix-huit jours de là, ayant convoqué tous ses barons,¨
il prit à femme Iseut la Blonde. Mais, lorsque vint la nuit, Brangien, afin¨
de cacher le déshonneur de la reine et pour la sauver de la mort, prit la place d'Iseut dans le lit nuptial.¨
|
appelé;
pour;
de mariage;
|
Iseut est reine et semble vivre en joie. Elle a Tristan auprès d'elle, à loisir,¨
et le jour et la nuit; car, ainsi que¨
veut la coutume¨
chez les hauts seigneurs, il couche¨
dans la chambre royale,¨
parmi les privés et les fidèles.
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autant qu'elle veut;
comme;
tradition;
passe la nuit;
du roi;
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(Ici suivent les fragments du texte de Béroul)
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À la cour étaient trois barons
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On ne vit pas de plus félons¨
|
mauvais;
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Par serment¨
ils se sont liés¨
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promesse devant Dieu;
mis d'accord;
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Que, si le roi de la contrée¨
|
du pays;
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Ne faisait son neveu partir
|
|
Ils ne voudraient plus le servir.
|
|
Dans leurs châteaux ils rentreraient
|
|
Au roi Marc, la guerre feraient.
|
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Ils ont tiré le roi à part:
|
|
"Sire, très mal l'affaire part.¨
|
les choses vont mal;
|
Ils s'aiment, Tristan et Iseut;
|
|
Peut le savoir celui qui veut.
|
|
Si vous ne faites pas partir
|
|
Votre neveu sans revenir,
|
|
vous ne nous verrez plus jamais;
|
|
Vous n'aurez jamais plus de paix.
|
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Sire, mandez¨
le nain ¨
devin.¨
|
faites venir;
homme de petite taille;
magicien;
|
Certes, il sait bien le latin.
|
|
Ses conseils sont vrais, quoique¨
durs.
|
malgré le fait qu'ils sont ;
|
Mandez le nain, vous serez sûr."
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|
Écoutez quelle trahison¨
|
crime lâche;
|
Et quels mots de séduction¨
|
pour amener au crime;
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A dit au roi le nain Frocin.
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|
Malheur soit à tous ces devins¨
!
|
magiciens;
|
"Dis à ton neveu: qu'à Arthur
|
|
À Cordeuil, qui est près du mur,
|
|
Il doit aller de grand matin¨
|
très tôt le matin;
|
porter un bref¨
sur parchemin
|
lettre officielle;
|
Tristan couche devant ton lit
|
|
Maintenant dans la même nuit
|
|
Je sais qu'il voudra lui parler¨
|
à Iseut;
|
Parce qu'il devra la quitter
|
|
Roi, sors de la chambre à minuit.
|
|
Je te jure¨
par Dieu l'Esprit,
|
déclare;
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Si Tristan l'aime follement¨
|
comme un fou;
|
Il va à elle sur le champ."¨
|
immédiatement;
|
Le roi repond:"Ce sera fait."
|
|
Tous partaient, chacun s'en allait
|
|
Le nain, de grande fourberie, ¨
|
fausseté de caractère;
|
fit une grande félonie, ¨
|
chose méchante;
|
Car il prit¨
chez le boulanger
|
acheta;
|
De la fleur¨
pour quatre deniers.¨
|
farine;
pièce de monnaie;
|
La nuit, quand le roi a mangé,
|
|
Dans la salle ils se sont couchés.
|
|
Du bref¨
Tristan entend parler.
|
de la lettre;
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Il dit qu'il veut bien la porter.
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|
Le nain est là, tout à couvert.¨
|
caché;
|
Sachez comment la nuit le sert.¨
|
lui est utile;
|
Entre les deux lits il répand¨
|
met par terre;
|
La fleur¨
; les pas vont paraissant¨
|
farine;
se montreront;
|
Si la nuit, l'un à l'autre va
|
|
La fleur tient les formes des pas.
|
|
Tristan a vu le nain vaguer¨
|
travailler;
|
Et la farine éparpiller¨
|
mettre par terre;
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ce qu'il faisait il le prévit;¨
|
comprit;
|
Il ne l'avait jamais servi.¨
|
été utile;
|
Au bois, à la jambe, Tristan
|
|
S'était blessé le jour avant.
|
|
Tristan, je crois, n'a pas dormi.
|
|
Le roi s'est levé à minuit;
|
|
Hors de la chambre il est sorti.
|
|
Le nain bossu¨
aussi partit.
|
qui avait une déformation au dos;
|
Tristan se fut levé au pied.
|
|
Dieu! Pourquoi? Seigneurs, écoutez!
|
|
Il joint¨
les pieds et fait un saut,
|
mets ensemble;
|
Sur le lit il tombe de haut.
|
|
Sa plaie¨
s'ouvre, et sortant, le sang
|
blessure;
|
Souille¨
les draps, les colorant.
|
rend sale;
|
La plaie saigne,¨
il ne le sent pas,
|
le sang sort de la blessure;
|
Car il pense trop à sa joie.
|
|
En plusieurs lieux¨
le sang se mit.¨
|
places;
tomba;
|
Grâce à¨
sa magie, le nain vit
|
par;
|
Dehors, qu'ils étaient ensemble,
|
|
Les deux amants. De joie il tremble.
|
|
Il dit au roi:"Tu peux les prendre,
|
|
Sinon, tu peux me faire pendre."¨
|
tuer par la corde;
|
Là se trouvaient les trois félons¨
|
mauvais hommes;
|
Par qui la lâche¨
trahison¨
|
sans courage;
perfidie;
|
Fut méditée secrètement.¨
|
en cachette, clandestinement;
|
Le roi revient, Tristan l'entend.
|
|
Il se lève avec de frissons.¨
|
tremblements;
|
Tout de suite, il a fait un bond.¨
|
saut;
|
Au mouvement¨
que Tristan fait
|
geste;
|
Le sang lui coule¨
de la plaie.¨
|
sort;
blessure;
|
À sa chambre le roi revient.
|
|
Le nain, qui la chandelle tient,
|
|
Vient avec lui. Tristan faisait
|
|
Semblant de quelqu'un qui dormait.
|
|
Le roi a vu au lit le sang;
|
|
Vermeils¨
en furent les draps blancs.
|
rouges;
|
Et sur la fleur¨
paraît¨
la trace¨
|
farine;
est visible;
ce qui reste;
|
Du saut. Le roi dit des menaces¨
|
montre sa fureur;
|
Les barons sont aussi dedans¨
|
dans la chambre;
|
Par fureur, ils prennent Tristan.
|
|
Le cri se lève en la cité¨
|
ville;
|
Qu'ensemble, ils ont été trouvés
|
|
Tristan avec la reine Iiseut;
|
|
Que c'est leur mort que le roi veut.
|
|
Le roi dit de chercher des ronces, ¨
|
branches;
|
Que dans la terre, on les enfonce.¨
|
met;
|
Puis il fait allumer le feu
|
|
Et dit d'amener son neveu.
|
|
Pour le brûler¨
premièrement.
|
tuer par le feu;
|
Ils vont pour lui.¨
Le roi attend.
|
ils vont le chercher;
|
Ils le prennent, lient¨
ses mains
|
entourent d'une corde;
|
Par Dieu! Qu'ils sont donc vilains!¨
|
méchants;
|
Sur le chemin par où ils vont,
|
|
Une chapelle ¨
est sur un mont.
|
petite église;
|
Les meneurs, ¨
Tristan les appelle:
|
ceux qui l'amènent;
|
"Seigneurs, voyez cette chapelle;
|
|
Par Dieu, laissez-moi y entrer.
|
|
Ma vie va bientôt terminer.¨
|
finir;
|
Je prie Dieu d'avoir pitié
|
|
De moi; trop souvent j'ai péché."¨
|
fait des fautes contre Dieu;
|
L'un d'eux a dit à son confrère:¨
|
collègue, camarade;
|
"Nous pourrons bien le laisser faire."
|
|
Ils retirent les liens¨
; Tristan
|
cordes;
|
Entre, -n'allant pas lentement-.
|
|
Derrière l'autel¨
il alla,
|
table du culte religieux;
|
Et la fenêtre, il la tira,
|
|
Sauta par la fenêtre dehors.
|
|
Il vaut mieux sauter que son corps
|
|
soit brûle devant le vulgaire.¨
|
peuple;
|
Seigneurs, une très large pierre
|
|
Était au milieu du rocher.
|
|
Tristan y vient d'un saut léger.
|
|
Dans ses habits¨
le vent le prend,
|
vêtements;
|
L'empêche de tomber¨
crûment¨
|
fait qu'il ne tombe pas;
durement;
|
La pierre, les Cornouaillans
|
|
L'appellent: le Saut de Tristan.
|
|
Ainsi Tristan s'est donc enfui;¨
|
échappé, sauvé;
|
Dieu avait pitié de lui
|
|
Écoutez comment Gorvernal
|
|
Son épée ceinte¨
et à cheval,
|
autour de la taille;
|
De la cité¨
était sorti.
|
ville;
|
Il sait que s'il était suivi,
|
|
Il mourrait bien pour son seigneur.
|
|
Il a pris le fuite¨
par peur.
|
s'est échappé;
|
Son maître, Tristan, l'aperçut,
|
|
Le héla¨
qui¨
le reconnut,
|
l'appela;
et celui-ci;
|
Sans regarder et en courant.
|
|
Il eut grand'joie en le voyant.
|
|
Seigneurs, au roi vient la nouvelle
|
|
Que s'est enfui¨
par la chapelle¨
|
sauvé;
petite église;
|
Son neveu qu'il voulait brûler.
|
|
De colère ¨
il s'est attristé¨
|
fureur;
devenu triste ;
|
Triste, il ne peut se contenir, ¨
|
se maîtriser;
|
Et dit qu'on fasse Iseut venir.
|
|
Alors, la reine est amenée
|
|
Jusqu'au feu brûlant du bûcher¨
|
feu qui sert à brûler quelqu'un;
|
Il y eut un lépreux lancien¨
|
d'une certaine région;
|
Qui était appelé Yvain;
|
|
Affreusement¨
il fut défait.¨
|
terriblement;
déformé;
|
Il accourut pour voir ce plaid, ¨
|
procès;
|
Et avec lui cent compagnons
|
|
Portant béquilles¨
et bâtons.
|
moreaux de bois qui servent d'appui;
|
Chacun d'eux tenait sa crécelle.¨
|
instrument que les lépreux portaient pour s'annoncer;
|
Ils crient au roi et l'appellent:
|
|
"Sire, tu veux faire justice,
|
|
Brûler ta femme pour son vice;¨
|
mal qu'elle a fait;
|
C'est bien; mais tu sais, par le feu
|
|
Cette justice dure peu.
|
|
Il vaudrait mieux¨
que de mourir
|
ce serait plus utile;
|
Qu'elle vive, mais sans plaisir.
|
|
Je te dirais brièvement¨
|
en quelques mots;
|
Comment: voici cent de mes gens;
|
|
Donne-nous Iseut en commun.¨
|
pour qu'elle vive avec nous;
|
Jamais dame n'eut pire fin."¨
|
un mort plus terrible;
|
Le roi la lui donne, il la prend.
|
|
Des malades, il y eut cent.
|
|
Ils se mettent tous autour d'elle.
|
|
L'un crie, l'autre l'appelle.
|
|
Ils l'emmènent, passant l'aguet¨
|
l'endroit caché;
|
Où Tristan attend en secret.
|
|
"Dieu, " dit Tristan, "Quelle aventure
|
|
Ahi! Iseut, belle figure!
|
|
Yvain, qui l'avez emmenée,
|
|
Laissez-la, pour cette épée
|
|
N'aille pas vous trancher¨
la tête."
|
couper;
|
Yvain se défait¨
de sa veste.
|
retire;
|
Tout haut il s'écrie:"Aux béquilles!¨
|
(comme on crie: aux armes!);
|
Qu'à moi les nôtres se rallient!"¨
|
s'unissent;
|
De sa béquille chacun tape;¨
|
frappe;
|
Et l'un menace, l'autre frappe.
|
|
Gorevenal vient aux cris lancés;
|
|
En sa main il tient une épée.
|
|
Il frappe Yvain qui tien Iseut.
|
|
Il tombe mort le malheureux.
|
|
Tristan s'en va avec la reine,
|
|
laissant le taillis ¨
et la plaine¨
|
terrain aux petits arbres;
terrain plat;
|
En la forêt¨
Morrois ils vont,
|
bois;
|
Et passent la nuit sur un mont.
|
|
Tristan se sent maintenant sûr, ¨
|
hors de danger;
|
Comme derrière un très grand mur.
|
|
Seigneurs, voilà au bois Tristan;
|
|
Il y vivait à grand ahan.¨
|
dans la misère;
|
En un lieu¨
il n'ose rester,
|
place;
|
Changeant d'endroit pour se coucher,
|
|
Vivant de viande, sans plus rien.
|
|
Un couleur pâle leur vient.
|
|
Les ronces¨
rompent¨
leurs habits;¨
|
branches;
cassent;
vêtements;
|
Longtemps par Morrois ils ont fui.
|
|
Sachez, Seigneurs, quelle avanture
|
|
Leur devait être grave¨
et dure.
|
sérieuse;
|
Par le bois passe un forestier¨
|
personne qui garde les forêts;
|
Qui trouve l'endroit ombragé
|
|
Où les amants étaient couchés.
|
|
Il les vit dormir, les connut.¨
|
reconnut;
|
Le sang lui fuit,¨
troublé il fut.
|
il devint pâle;
|
Il s'enfuit; ce n'est pas merveille.¨
|
étonnant;
|
Il sort du bois, court à la merveille.¨
|
très vite;
|
Le roi Marc est dans son palais,
|
|
Tient avec ses barons ses plaids.¨
|
discussions;
|
La salle est pleine de barons.
|
|
Le forestier descend du mont.
|
|
Le roi le vit venir pressé;¨
|
en toute hâte;
|
Il appelle son forestier:
|
|
"Que¨
viens-tu? Qu'est-ce que tu sais?"
|
pourquoi;
|
"Écoute-moi, Roi, s'il te plaît.
|
|
Par ce pays on a mandé¨
|
fait savoir;
|
Que celui qui aurait trouvé
|
|
Ton neveu , il devrait venir
|
|
Tout de suite pour le dire.
|
|
Je l'ai trouvé et avec lui
|
|
Ensemble, la reine endormie."
|
|
"En quel endroit¨
sont-ils, dis-moi."
|
où;
|
"Dans une hutte du Morrois."
|
|
Le roi lui dit: "Sors donc d'ici.
|
|
Si tu aimes ton corps, ta vie,
|
|
Ne dis rien de ce que tu sais
|
|
Aux amis, ni aux étrangers.
|
|
C'est à la Croix Rouge, aux abords, ¨
|
près de la forêt;
|
Là où on enterre les morts,
|
|
Que tu t'arrêtes et m'attends.
|
|
Tu auras de l'or, de l'argent."
|
|
Le roi fait seller¨
son destrier¨
|
mettre une selle sur;
cheval;
|
Et est sorti de la cité¨
|
ville;
|
Il vient là où l'autre l'attend,
|
|
Lui dit de partir sur le champ¨
|
immédiatement;
|
De le mener au but cherché.
|
|
Ils entrent au bois ombragé.
|
|
Liant¨
les rênes¨
du destrier,
|
attachant;
(avec les rênes on dirige un cheval);
|
À la branche d'un vert pommier,
|
|
Ils avancent, et puis ils virent
|
|
L'endroit pour lequel ils partirent.
|
|
Le roi délace¨
son manteau-
|
retire;
|
Dont les nœuds sont en or très beau-
|
|
Entre, l'épée nue¨
dans la site
|
tirée;
|
Le forestier entre à sa suite.¨
|
derrière lui;
|
Le roi a levé son épée,
|
|
Et furieux, il s'est oublié.
|
|
Déjà le coup tombe sur eux,
|
|
S'il les tue, c'était grand deuil, ¨
|
tristesse;
|
Quand il la voit dans sa chemise,
|
|
et l'épée nue qui les divise, ¨
|
sépare;
|
"Dieu, " dit le roi, "que dois-je faire?
|
|
Ou les tuer, ou me retraire?¨
|
me retirer;
|
J'avais le cœur¨
à les occire.¨
|
l'intention;
tuer;
|
Sans les toucher je me retire.
|
|
Quand ils s’éveilleront pourtant,
|
|
Ils devront savoir sûrement
|
|
Qu'ils furent trouvés endormis,
|
|
Que j'eus pitié d'elle et de lui."
|
|
Au doigt d'Isseut, il voit l'anneau.¨
|
bijou qu'on met au doigt;
|
La retire doucement en haut.
|
|
Il prend l'épée qui est entre eux,
|
|
Puis il en met la sienne au lieu¨
|
remplace par son épée;
|
Hors de la hutte il est allé;
|
|
Il s'en va sur son destrier
|
|
La reine a rêvé qu'elle était
|
|
En une très grande forêt
|
|
Dans un très riche pavillon.
|
|
A elle venaient deux lions,
|
|
Qui voulaient bien la dévorer.¨
|
manger;
|
Elle voulait "grâce¨
" crier.
|
pitié;
|
Par l'effroi¨
que ça lui donna,
|
peur;
|
Criant elle se réveilla.
|
|
Tristan, de ce cri, s'éveille.
|
|
Elle avait la face¨
vermeille¨
|
visage;
rouge;
|
Il vit alors l'épée du roi,
|
|
Et la reine vit à son doigt
|
|
L'anneau qu'il lui avait donné
|
|
Et de son doigt le sien ôté.¨
|
retiré et pris;
|
Elle cira:"Seigneur, merci, ¨
|
pitié;
|
Le roi nous a trouves ici."
|
|
Il lui répond:"C'est vrai, certain.
|
|
Il a mon épée; c'est le sien.
|
|
Dame, fuyons vite vers Galles.
|
|
Le sang me fuit.¨
Il devient pâle.
|
quitte;
|
Traversant Morrois, ils s'en vont.
|
|
De grandes étapes ils font.
|
|
Le lendemain¨
de la Saint Jean¨
|
jour après;
la fête de;
|
Furent accomplis¨
les trois ans
|
finis;
|
Qu'à ce philtre furent donnés.
|
|
De son lit, Tristan s'est levé,
|
|
Dit à Isseut:"Reine, princesse,
|
|
Nous passons mal notre jeunesse.
|
|
Ma belle amie, si je pouvais,
|
|
Par un conseil qu'on me donnait,
|
|
Faire avec le roi un accord,
|
|
Afin qu'il calmât son transport, ¨
|
fureur, colère;
|
Et si c'était à son plaisir
|
|
de vous reprendre et me bannir, ¨
|
faire quitter le pays;
|
De se passer de¨
mon service,
|
faire sans;
|
Je m'en irais au roi de Frise,
|
|
Ou je passerais en Bretagne,
|
|
Que¨
Governal seul m'accompagne.¨
|
je voudrais que;
aille avec moi;
|
Isseut, franche,¨
gente ¨
façon¨
|
pure;
gentille;
femme;
|
Dites-moi ce que nous ferons."
|
|
"Seigneur Jésus soit remercié!
|
|
Vous voulez fuire ¨
le péché.
|
défaire;
|
Ami, rappelez-vous l'hermite¨
|
religieux qui s'est retiré du monde;
|
Ogrin, qui de la loi écrite
|
|
Nous prêcha,¨
quand nous nous trouvions
|
fit la leçon;
|
Dans sa si pauvre habitation.¨
|
demeure, maison;
|
Son conseil serait honorable, ¨
|
doit être respecté;
|
Et par cela, à joie durable
|
|
Nous pourrons encore venir."
|
|
Tristan l'entend, lâche un soupir.¨
|
soupire;
|
Puis, ils retournent au bocage.¨
|
bois;
|
Ils errent¨
tant qu'à l'hermitage¨
|
vagabondent;
demeure d'une ermite;
|
Sont arrivés les deux amants,
|
|
Trouvant l’hermite Ogrin lisant.
|
|
Quand il les voit, il les appelle.
|
|
Ils s'asseyent dans la chapelle.
|
|
Tristan lui dit: "Or, écoutez:
|
|
Ceci fut notre destinée;¨
|
vie;
|
Voilà déjà plus de trois ans
|
|
Que nous manqua le tourment¨
|
que les difficultés nous poursuivent;
|
Si nous pouvons avoir la joie
|
|
De raccorder la reine au roi,
|
|
Je ne cherche plus le bonheur
|
|
D'être avec le roi, mon Seigneur.
|
|
Je m'en irrai avant un mois
|
|
En Bretagne ou en Loonois."
|
|
"Ce compliment je dois te faire,
|
|
En ceci tu n'as pas ton pair;¨
|
pareil, égal;
|
Tel sera donc mon bref¨
au roi."
|
lettre;
|
Ogrin l'hermite se leva;
|
|
Plume, encre et parchemin il prit,
|
|
Toutes ces paroles y mit.
|
|
"Qui le portera?" dit 'hermite.
|
|
"Moi." - "Tristan, très bien vous le dites."
|
|
Avec son bref Tristan s'en va;
|
|
Il connaît bien ce pays-là.
|
|
Il descend, dans la ville il entre,
|
|
Voit la fenêtre de la chambre
|
|
Du roi, l'appelle faiblement,
|
|
Tâchant¨
de crier doucement.
|
faisant tout pour;
|
Le roi s'éveille et dit alors:
|
|
"Qui me vient à cette heure encore?
|
|
Es-tu en peine¨
? Dis-moi ton nom."
|
malheur;
|
"Sire, Tristan m'appelle-t-on.
|
|
J'apporte un bref que je mets tôt¨
|
vite;
|
À la fenêtre de l'enclos."¨
|
mur;
|
Tristan partit; le roi fait un saut.
|
|
Il appelle trois fois très haut:
|
|
"Par Dieu, neveu, ton oncle attend."
|
|
Le bref, dans la main il le prend.
|
|
Puis il manda sin chapelain.¨
|
prêtre d'une capelle;
|
"Écris vite u bref de ta main,
|
|
et quand le bref sera scellé¨
|
fermé d'un cachet officiel;
|
À la Croix Rouge le pendez."
|
|
Tristan ne dormit pas la nuit.
|
|
Puis avant que vint minuit,
|
|
Blanche Lande il l'a traversée.
|
|
Là, il prend la charte scellée.¨
|
lettre cachetée;
|
La Cornouailles, il laconaût,
|
|
Il vient chez Ogrin, lui remet¨
|
donne;
|
La charte. L'hermite l'a prise,
|
|
Lit la lettre, voit la franchise¨
|
droiture, loyauté;
|
Du roi, qui pardonne à Iseut
|
|
Ses méfaits¨
; et il lit qu'il veut
|
le mal qu'elle a fait;
|
Le reprendre malgré ses torts;¨
|
fautes;
|
Il voit les termes de l'accord.
|
|
"Mon Dieu, " dit Tristan, "quel souci"
|
|
Pour celui qui perd son amie.
|
|
Il faut le faire pour l'effroi¨
|
peur;
|
Que vous avez eu tant pour moi."
|
|
"Tristan, écoutez-moi très bien.
|
|
Laissez-moi Husdent, votre chien."
|
|
Et il répond: "Ma chère amie,
|
|
Je donne Husdent par symathie."
|
|
"Seigneur, je veux vous remercier
|
|
Du chien que vous m'avez donné.
|
|
Prenez cet anneau en échange."
|
|
Elle l'ôte,¨
à son doigt le range.¨
|
retire de son doigt;
met;
|
Tristan embrasse alors la reine,
|
|
Et elle lui. Dieu! quelle peine!¨
|
malheur;
|
Par Cornouailles on proclame:
|
|
Le roi s'accorde¨
avec sa femme.
|
fait un accord;
|
Seigneurs, au jour du parlement,
|
|
Le roi fut avec tous ses gens.
|
|
Ils occupent¨
une prairie.
|
se trouvent dans;
|
Tristan vient avec son amie.
|
|
Il dit à Iseut doucement:
|
|
"Dame vous garderez Husdent.
|
|
Je vous prie de le garder.
|
|
Aimez le bien, si vous m'aimiez.
|
|
Voyez le roi, notre seigneur,
|
|
Avec lui ses hommes d'honneur.
|
|
Si je vous demande une chose,
|
|
Faites ce que je vous propose."
|
|
"Ami Tristan, écoutez-moi:
|
|
Si cet anneau de votre doigt
|
|
Vous m'envoyez, je crois sur l'heure¨
|
immédiatement;
|
Tout ce que dira le porteur."
|
|
"Dame, " fait-il, "à Dieu soit grâce."¨
|
merci;
|
Il l'attire à lui et l'embrasse.
|
|
De la reine, congé il prend¨
|
il dit adieu;
|
Ils se regardent doucement.
|
|
Tristan part vers la mer. Iseut
|
|
l'accompagne longtemps des yeux.
|
|
Tant¨
qu'elle peut le voir de loin
|
aussi longtemps;
|
De sa place, elle ne part point.¨
|
pas;
|
Or, il advint ¨
qu'un jour chevauchant avec le seul Gorvenal, il entra sur la terre de Bretagne. Pendant deux jours, Tristan et Gorvenal passèrent les champs et les bourgs ¨
sans voir un homme, un coq, un chien. Au troisième jour, à l'heure de none,¨
ils approchèrent ¨
d'une colline ¨
où se dressait ¨
une vieille chapelle, et, tout près, l'habitacle ¨
d'une ermite. Il souhaita la bienvenue ¨
aux arrivants et disposa le manger. Après le repas, comme la nuit était tombée, et qu'ils étaient assis autour du feu, Tristan demanda quelle était cette terre ruinée.
|
arriva;
villages;
15:00;
arrivèrent à;
hauteur;
se trouvait;
demeure;
reçut bien les..;
|
"Beau seigneur, " dit l'ermite, "c'est la terre de Bretagne, que tient le duc Hoël. C'était naguère ¨
un beau pays. Mais le comte Riol de Nantes y a fait le dégât."¨
Tristan demanda:"Le duc Hoël, peut-il encore soutenir sa guerre?"
|
au passé;
ravage;
|
"À grand'peine ¨
seigneur. Pourtant, son dernier château, Carhaix, résiste ¨
encore, car les murailles en sont fortes, et fort est le cœur du fils du duc Hoël, Kaherdin!"
|
difficilement;
se défend;
|
Tristan demanda à quelle distance était le château. "Sire, à deux milles ¨
seulement.
|
2x1800 mètres;
|
Ils se séparent et dormirent.
|
|
Au matin, Tristan prit congé du ¨
prud'homme et chevaucha vers Carhaix.
|
dit adieu au;
|
Quand il s'arrêta au pied des murailles closes,¨
il demanda le duc. Hoël se trouvait parmi ses hommes avec son fils Kaherdin. Il se fit connaître, et Tristan dit: "Je suis Tristan, roi de Loonnois, et Marc, le roi de Cornouailles, est mon oncle. J'ai su seigneur, que vos vassaux ¨
vous faisaient tort ¨
et je suis venu pour vous offrit mon service. Commandez qu'on m'ouvre cette porte."
|
fermées;
nobles qui dépendent d'un roi;
mauvaise actions;
|
Kaherdin dit alors: "Recevez-le, mon père, afin qu'il prenne part de nos biens et nos maux.¨
"
|
pl. de mal;
|
Un matin, un guetteur ¨
descendit en hâte de sa touret courut par les salles en criant:
|
soldat de garde;
|
"Seigneurs, vous avez trop dormi! Levez-vous, Riol vient faire l'assaillie ¨
!"
|
attaque, offensive;
|
Chevaliers et bourgeois s'armèrent et coururent aux murailles. Mais Tristan monte, éperonne ¨
son cheval jusque dans la plaine.¨
Le duc Riol s'élança. Quand ils se heurtèrent,¨
Tristan frappa Riol. le coup était si fortement assené,¨
que le baron tombe sur les genoux et sur les mains. Riol implora merci, ¨
et Tristan reçut son épée. Riol promit de se rendre en la prison du duc Hoël, de lui jurer ¨
de nouveaux hommage ¨
et foi,¨
de restaurer ¨
les bourgs et les villages brûlés.
|
pique des éperons;
terrain plat;
se rencontrèrent;
frappé;
grâce, pitié;
promettre;
honneur;
fidélité;
réparer;
|
Quand les vainqueurs¨
f urent rentrés dans Carhaix, Kaherdin dit à son père: "Sire, mandez Tristan, et retenez-le; il n'est pas de meilleur chevalier, et votre pays a besoin d'un baron de telle prouesse.¨
"
|
ceux qui avaient gagné;
si grande courage;
|
Ayant pris conseil de ses hommes, le duc Hoël appela Tristan:
|
|
"Ami, je ne saurais trop vous aimer, car vous m'avez conservé cette terre. Je veux donc m'acquitter envers ¨
vous. Ma fille, Iseut aux Blanches Mains, est née de ducs, de rois et de reines. Prenez-la, je vous la donne."
|
payer cette dette;
|
"Sire, je la prends, " dit Tristan.
|
|
Ah! seigneurs, dit il cette parole? Mais pour cette parole, il mourut..
|
|
Ici suivent des fragments du texte de Thomas
|
|
Tristan pense oublier Iseut,
|
|
Enlever ¨
l'amour s'il le peut,
|
retirer;
|
en épousant ¨
une autre Iseut.
|
en se mariant avec;
|
Se délivrer ¨
d'elle il le veut.
|
libérer;
|
Au jour nommé, au terme ¨
mis,¨
|
date;
fixé;
|
Vient Tristan avec ses amis,
|
|
Épouse ¨
Iseut aux blanches mains.
|
se marie avec;
|
La messe dit le chapelain.
|
|
Le jour passe avec les déduits.¨
|
plaisirs;
|
Les lits sont prêts ¨
vers la minuit.
|
préparés;
|
La pucelle ¨
va se coucher
|
jeune fille;
|
Et Tristan se fait dépouiller¨
|
déshabiller;
|
Du 'blialt"¨
qu'il avait sur soi,
|
tunique;
|
Qui était beau, au poing étroit
|
|
Quand le "blialt", ils l'ont ôté, ¨
|
retiré;
|
De son doigt l'anneau est tombé.
|
|
Au parc Iseut le lui donna,
|
|
l'ultime ¨
fois qu'il lui parla.
|
dernière;
|
Tristan regarde, voit l'anneau,
|
|
Et pense à elle de nouveau,
|
|
Se rappelle la convention ¨
|
accord;
|
Qu'il fit à la séparation,
|
|
Dans le jardin et au départ,
|
|
Du fond ¨
du cœur son soupir part.¨
|
du plus profond;
vient;
|
Il dit: "Comment puis-je le faire?
|
|
Cette chose qui m'est bien contraire.
|
|
Néanmoins¨
je dois me coucher
|
pourtant;
|
Avec elle que j'épousai.
|
|
Peu j'ai pensé à mon amie,
|
|
Quand j'entrepris¨
cette folie.¨
"
|
commençai;
absurdité;
|
Donc Tristan dit: "Ma belle amie,
|
|
Ne prenez pas à la vilainie ¨
|
ne regardez pas comme une chose méchante;
|
La chose que je vous avoue.¨
|
dis en secret;
|
De ça, grâce, taisez-vous.¨
|
s.v.p. ne parlez pas;
|
Par ici, vers le droit côté,
|
|
Au corps, j'ai une infirmité ¨
|
endroit malade;
|
J'en fus malade très longtemps.
|
|
Nous en aurons encore assez,
|
|
Quand je voudrai et vous voudrez."
|
|
"Cela me pèse, ¨
", Yseut répond,
|
m'est difficile;
|
"Plus qu'aucun mal au monde, au fond.¨
"
|
à vrai dire;
|
Mais ce que vous voulez dire,
|
|
Je le veux bien, je m'en retire.¨
"
|
je n'en ferai pas;
|
Un jour, Tristan et Kaherdin,
|
|
Durent aller chez des voisins.
|
|
Ils voient venir un chevalier
|
|
Au galop sur un destrier.¨
|
cheval;
|
Il fut très richement armé;
|
|
Il eut un écu ¨
d'or paré ¨
|
arme de défense;
orné;
|
Ils s'émerveillent ¨
qui ce soit.
|
s'étonnent;
|
Il vient vers eux. Quand il les voit,
|
|
Il les salue doucement.
|
|
Son salut, Tristan le lui rend.
|
|
Et lui demande où il va.
|
|
Quelle affaire pressante il a.
|
|
"Sire, " dit donc le chevalier,
|
|
"Sauriez-vous bien me renseigner ¨
|
donner des informations;
|
Du bien¨
de Tristan, l'Amoureux?"
|
propriété, château;
|
Tristan dit: "Dites-moi par Dieu,
|
|
À Tristan vous voulez parler?
|
|
Vous ne devez si loin aller,
|
|
Car je suis Tristan appelé.
|
|
Dites-moi ce que vous voulez."
|
|
Il dit: " Cette nouvelle j'aime.
|
|
Je me nomme Tristan le Naime.
|
|
Je suis du pays de Bretagne,
|
|
À droite de la mer d'Espagne.
|
|
J'y ai un château, une amie;
|
|
Je l'aime aussi bien que ma vie.
|
|
Mais par malheur je l'ai perdue:
|
|
L'avant-dernière nuit ce fut.
|
|
Estult l'Orgueilleux Castel Fer
|
|
L'a enlevée, cet homme fier.
|
|
Il la retient dans son château,
|
|
Fait d'elle ce qui lui est beau.¨
|
ce que lui plaît;
|
Vous êtes redouté et craint¨
|
dont on a peur;
|
Donc je vous demande merci ¨
|
pitié;
|
Aidez-moi donc. Et je vous prie
|
|
De bien vouloir m'accompagner¨
|
venir avec moi;
|
Pour mon amie, la délivrer."
|
|
Tristan dit: "Autant que je peux,
|
|
Je vous aidereai de mon mieux;¨
|
autant que possible;
|
Et très volontiers¨
j'y irai,
|
avec plaisir;
|
Permettez-moi que je m'armerai."
|
|
Estult l'Orgueilleux Castel Fer,
|
|
Pour le tuer ils partent fiers.
|
|
Tant ils ont marché et erré
|
|
Que son château, ils l'ont trouvé.
|
|
Estult l'Orgueilleux était fier,
|
|
Et il avait six nobles frères,
|
|
Hardis et vaillants et très preux; ¨
|
synonymes de courageux;
|
Mais il était plus vaillant qu'eux.
|
|
Deux d'entre eux d'un tournoi rentrèrent.
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Une embuscade ¨
ils leur dressèrent,¨
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attaque par surprise;
préparèrent;
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Les défièrent¨
en criant,
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invitèrent à se battre;
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Frappèrent sur eux durement.
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Les deux frères furent tués.
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Au pays on en a parlé.
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Et ceux-ci ¨
montent au château
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Tristan et ses gens;
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Où le seigneur¨
s'était enclos.¨
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Estult;
enfermé;
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Et les deux Tristan assaillirent,¨
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attaquèrent;
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Courageusement l'¨
envahirent.¨
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le château;
entrèrent de force;
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Ils furent tous bons chevaliers
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À les voir ¨
leurs armes porter.
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quand on les voyaient;
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Ils ne cessèrent ¨
de combattre¨
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s’arrêtèrent;
se battre;
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Jusqu’à avoir tué les quatre.
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Tristan le Naim y fut tué,
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Et l'autre Tristan fut blessé,
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Tout près de ses reins,¨
d'une épée,
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partie inférieure du dos;
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De grand venin empoisonnée.
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Ses plaies¨
il les a fait soigner,
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blessures;
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Cherchant des mires¨
pour l'aider.
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médecins;
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On en a fait assez venir,
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Mais aucun n'a pu le guérir.
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Sentant qu'il s'en va à sa fin ¨
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qu'il va mourir;
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Tristan appelle Kaherdin,
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Lui dit:" Entendez, bel ami:
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Je suis en étrange pays,
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Je n'ai d'ami, ni de parent,
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Bel ami, sauf¨
vous seulement.
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excepté;
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Sans secours¨
il me faut mourir,
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aide;
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Personne ne peut me guérir,
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Sauf seulement la reine Iseut,
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Elle le peut, si elle veut.
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Allez-lui dire: je suis mort,
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Si elle ne donne confort.¨
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soulagement, aide;
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C'est mon bateau que vous prendrez,
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Double voile vous porterez,
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Dont l'une est blanche et l'autre noire.
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Si vous pouvez Iseut avoir,
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Et qu'elle vienne me guérir¨
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rendre la santé;
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Du blanc¨
mettez au revenir.¨
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la voile blanche;
retour;
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Mais si vous ne l'amenez pas,
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Mettez la noire dans ce cas.
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Courroux¨
de femme est bien à craindre¨
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colère;
on en doit avoir peur;
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Beaucoup d'hommes peuvent s'en plaindre.¨
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être mécontent;
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Iseut écoute ce que dit
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Tristan, et elle a tout compris.
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Elle retient¨
tout cela bien,
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n'oublie pas;
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Mais elle fait semblant de rien.¨
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comme si elle ne savait rien;
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Souvent Tristan se plaint,¨
soupire,
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se lamente;
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Après¨
son Iseut qu'il désire.
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voulait avoir;
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En cette angoisse,¨
en cet ennui¨
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malaise;
tristesse;
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Sa femme Iseut vient devant lui.
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Méditant une ruse ¨
bien
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chose pour tromper;
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Elle lui dit:"Kaherdin vient.
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Sur la mer j'ai vu son bateau
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Cingler¨
à grand'peine¨
là-haut.¨
"
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naviguer;
difficilement;
sur la mer;
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Tristan tressaute¨
à la nouvelle.
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tremble d'émotion;
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Il dit à Iseut: "Amie belle,
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C'est sa nef¨
donc? C'est bien certain?
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navire;
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Quelle est la voile, dis-moi bien."
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Iseut dit:"Vous pouvez me croire
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Sachez bien que la voile est noire."
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Bien plus que jamais, dans son cœur
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Tristan en a grande douleur.
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Il se tourne vers la paroi¨
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mur;
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Et dit: "Dieu! sauve Iseut et moi!"
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"Amie Iseut" trois fois il dit,
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A la quatrième, il rend l'esprit.¨
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il meurt;
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Alors pleurent par la maison
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Les chevaliers, les compagnons.
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Du navire Iseut est issue, ¨
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sortie;
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Entend les plaintes¨
dans la rue,
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lamentations;
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Aussi les cloches des chapelles.
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Elle demande des nouvelles.
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Un vieillard, alors, lui a dit:
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"Belle dame, à Dieu soit merci.¨
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nous demandons pitié;
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Nous avons beaucoup de douleur,
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Bien plus que jamais, dans nos cœurs.
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Tristan le preux,¨
le franc est mort,
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courageux;
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À tous les gens de grand confort.¨
"
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aide;
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Quand Iseut l'entend débiter¨
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parler;
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D'ennui¨
elle ne peut parler.
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tristesse;
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De sa mort elle est affligée.¨
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triste;
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Mine défaite ¨
elle est allée
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visage décomposé;
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Avant les autres au palais.
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Et dans la salle où le corps est,
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Elle se tourne vers l'orient,
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Prie pour lui piteusement.
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"Ami, Tristan, je vous vois mort.
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Je veux subir le même sort.¨
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que la même chose m'arrive;
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Pour moi vous perdîtes la vie;
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Je le ferai en vraie amie:
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Je veux mourir également.
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Elle l'embrasse, puis s’étend.¨
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se couche;
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Lui baise¨
la bouche et la face.¨
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met un baiser;
visage;
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Étroitement¨
elle l'embrasse.¨
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de très près;
prend dans ses bras;
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Bouche à bouche, corps contre corps,
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Elle rend l'esprit.¨
C'est alors
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meurt;
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Qu'elle meurt à côté de lui,
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Pour la douleur de son amie.
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