24. Chateaubriand

24.1. Atala

Après la découverte du Macchabée par le P.Marquette et l’infortuné¨ La Salle, les premiers Français qui s’établirent¨ au Biloxi et à la Nouvelle-Orléans firent alliance avec les Natchez, nation indienne dont la puissance était redoutable¨ dans ces contrées. Il y avait parmi ces Sauvages¨ un vieillard nomme Chactas, qui était le patriarche et l'amour des déserts. Retenue¨ aux galères à Marseille par une cruelle injustice, rendu à la liberté, présenté à Louis XIV, il avait conversé avec les grands hommes de ce siècle. malheureux; s’installèrent; respectée; primitifs; emprisonné;
Depuis plusieurs années rentré dans le sein de sa patrie Chactas jouissait du repos. Toutefois¨ le ciel lui vendait encore cher cette faveur; le vieillard était devenu aveugle. mais;
En l725, un Français nomme René, poussé¨ par des passions et des malheurs, arriva à la Louisiana. Chactas l'adopta pour fils, et lui donna pour épouse une Indienne appelée Céluta. dominé;
Une nuit, à la clarté de la lune, tandis-que tous les Natchez dorment, René demeure¨ seul avec Chactas, lui demande le récit de¨ ses aventures. Le vieillard consent¨ à le satisfaire¨ et il commence en ces mots: reste; de raconter; veut bien; contenter;
Je comptais à peine dix-sept chutes de feuilles¨ lors-que je marchais avec mon père, le guerrier Outalissi, contre les Muscogulges. Nous nous joignîmes¨ aux Espagnols nos alliés¨ et le combat se donna sur une des branches de la Maubile.¨ Les ennemis triomphèrent; mon père perdit la vie; je fus entraîné¨ par les fuyards¨ à Saint-Augustin. (l7 ans); réunîmes avec; amis de guerre; rivière); emmené; fugitifs;
Dans cette ville, un vieux Castillan nommé Lopez m'offrit un asile. Après avoir passé trente lunes¨ à Saint-Augustin, je fus saisi du dégoût¨ de la vie des cités. mois; aversion;
Ne pouvant plus résister¨ à l'envie¨ de retourner au désert, un matin je me présentai à Lopez, vêtu¨ de mes habits de Sauvage. Nous nous quittâmes avec des sanglots.¨ m'opposer; désir; habillé; pleurs;
Mon inexpérience m’égara¨ dans les bois, et je fus pris par un parti de Muscogulges. Je fus reconnu pour Natchez. Le chef de la troupe, Simaghan, voulut savoir mon nom; je répondis: "Je m'appelle Chactas, fils Outalissi" me fit perdre le chemin;
Simaghan me dit: "Chactas, réjouis-toi;¨ tu seras brûlé au grand village". Je repartis:¨ "Voila qui va bien", et j'entonnai¨ ma chanson de mort. sois heureux; répondis; commençai à chanter;
Une nuit que les Muscogulges avaient placé leur camp sur le bord d'une forêt, une femme vint s'asseoir à mes cotes. Elle était régulièrement belle; son sourire était céleste.¨ Je crus que c’était la Vierge des dernières amours, cette vierge qu'on envoie au prisonnier de guerre pour enchanter sa tombe. La jeune fille me dit: "Je ne suis pas la Vierge des dernières amours. Es-tu chrétien?" surnaturel;
Je répondis que je n'avais point trahi les génies¨ de ma cabane.¨ À ces mots, l'Indienne fit un mouvement involontaire. Elle me dit: "Je te plains¨ de n'être qu'un méchant idolâtre.¨ Ma mère m'a faite chrétienne; je me nomme Atala, fille de Simaghan aux bracelets d'or, et chef des guerriers de cette troupe. Nous nous rendons¨ à Apalachucla, où tu seras brûlé". En prononçant ces mots, Atala se lève et s’éloigne. esprits; wigwam; j'ai pitié de toi; incroyant; allons;
Plusieurs jours s’écoulèrent;passèrent¨ la fille du sachem¨ revenait chaque soir me parler. Le sommeil avait fui mes yeux, et Atala était dans mon cœur comme le souvenir de la couche de mes pères. ; chef;
Le dix-septième jour de marche, nous entrâmes sur la grande savane Alachua. La troupe camp au pied des collines. J’étais attaché au pied d'un arbre; un guerrier veillait impatiemment auprès de moi. J'avais à peine passé quelques instants dans ce lieu, qu'Atala parut.
"Chasseur", dit-elle au héros Muscogulge, "si tu veux poursuivre le chevreuil, je garderai le prisonnier"
Interdit¨ et confus,¨ je crois que j'eusse préféré d’être jeté aux crocodiles de la fontaine, à me trouver seul ainsi avec Atala. La fille du désert était aussi troublée que son prisonnier; nous gardions un profond silence. Enfin Atala dit:"Guerrier, vous êtes retenu faiblement; vous pouvez aisément¨ vous échapper." À ces mots, la hardiesse¨ revint sur ma langue; je, répondis: "Faiblement retenu, ô femme...!" Je ne sus comment achever.¨ Atala hésita quelques moments, puis elle dit: "Sauvez-vous!“Et elle me détacha¨ du tronc de l'arbre. Je saisis la corde: je la remis dans la main de la fille étrangère, en forçant ses beaux doigts à se fermer sur ma chaîne. "Reprenez-la! reprenez-la!" m’écriai-je. "Vous êtes un insensé¨ ", dit Atala d'une voix émue.¨ Malheureux! ne sais-tu pas que tu seras brûlé?" perplexe; troublé; facilement; courage; finir ma phrase; libéra; fou; pleine d’émotion;
"Il fut¨ un temps," répliquai je avec des larmes, "que mon père avait aussi une belle hutte; mais j'erre¨ maintenant sans patrie. Le corps d'un étranger malheureux n’intéresse personne." il y avait; vagabonde;
Ces mots attendrirent¨ Atala. "Ah!" repris-je avec vivacité, "si votre cœur parlait comme le mien, le désert n'est-il pas libre? O ma bien-aimée ose suivre mes pas. Ah! si un pauvre esclave...." émotionnèrent;
"Hé bien!" dit-elle en se penchant sur moi, "un pauvre esclave..."
Je repris avec ardeur:¨ "Qu'un baiser l'assure de ta foi¨ !" Atala écouta ma prière. La fille du sachem prononça ces paroles: "Beau prisonnier, j'ai follement cédé¨ à ton désir, mais où nous conduira cette passion? Ma religion me sépare de toi pour toujours... O ma mère! qu'as-tu fait?..." Atala se tut¨ tout à coup, et retint je ne sus quel fatal secret près s'échapper à ses lèvres. Ses paroles me plongèrent dans le désespoir." Hé bien!" m'écriai-je, "je serai aussi cruel que vous; je ne fuirai point. Vous me verrez dans le feu et vous serez pleine de joie." Atala saisit mes mains entre les deux siennes. "Pauvre jeune idolâtre!" s’écria-t-elle, "tu me fais réellement pitié. Il faut bien que je vous suive, puisque vous ne voulez pas fuir sans moi." passion; fidélité; capitulé; s'arrêta de de parler;
Nous avions pris notre route vers l’étoile immobile.¨ =le nord;
Quand nous rencontrions un fleuve, nous le passâmes à la nage. Souvent, dans les grandes chaleurs du jour, nous cherchions un abri¨ à l'ombre. Chaque soir nous allumions un grand. protection;
Je découvris bientôt que je m’étais trompé sur le calme apparent¨ d'Atala. À mesure que nous avancions, elle devenait triste. Je la surprenais attachant¨ sur moi un regard passionné, qu'elle reportait vers le ciel avec une profonde mélancolie. Que¨ de fois elle m'a dit: "O mon jeune amant, je t'aime comme l'ombre des bois au milieu du jour; mais je ne serai jamais ton épouse¨ !" extérieur; fixant; combien; femme;
Les perpétuelles contradictions de l'amour et de la religion d'Alata en faisait pour moi un être incompréhensible. Cependant la solitude, la présence continuelle de isolement l'objet¨ aimé, nos malheurs même, redoublaient à chaque instant notre amour. Les forces d'Atala commençaient à l'abandonner, et les passions allaient triompher de sa vertu.¨ Pour moi, épuisé¨ de fatigue mais toujours brûlant de désir, embrassant étroitement celle que j'aimais: "Atala," lui dis-je, "vous me cachez quelque chose. Ouvre-moi ton cœur, ô ma beauté! Ah! je le vois, tu pleures ta patrie." personne; moralité; fatigué;
Elle repartit¨ aussitôt:¨ "Enfant des hommes, comment pleurerais-je ma patrie, puisque mon père n’était pas du pays des palmiers?" répondit; immédiatement;
"Quoi!" répliquai-¨ je avec un profond étonnement, quel est donc celui qui vous a mise sur cette terre? Répondez." répondis;
Atala dit ces paroles: "Avant que ma mère eût apporté en mariage au guerrier Simaghan trente cavales, trente buffles et beaucoup d'autres richesses, elle avait connu un homme de la chair¨ blanche. Or, la mère de ma mère la contraignit¨ d’épouser le magnanime¨ Simaghan. Mais ma mère dit à son nouvel époux: "Mon ventre a conçu;¨ tuez-moi." Simaghan lui répondit: "Le Grand-Esprit me garde¨ d'une si mauvaise action. Je ne vous mutilerai¨ point, parce que vous avez été sincère,¨ et que vous n'avez point trompé ma couche. Le fruit de vos entrailles sera mon fruit." corps; força; noble; j'attends un enfant; retienne; blesserai; ouvert;
En ce temps, je brisai le sein de ma mère¨ et je commençai à croître¨ comme une Espagnole et comme une sauvage. Ma mère me fit chrétienne, afin¨ que son Dieu et le Dieu de mon père fut aussi mon Dieu. Ensuite le chagrin d'amour vint la chercher, et elle descendit dans la petite cave garnie de peaux, d'où l'on ne sort jamais." fus né; grandir; pour faire;
Telle fut l'histoire d'Atala. "Et quel était donc ton père, pauvre orpheline?" lui dis-je.
"Je n'ai jamais lavé les pieds de mon père," dit Atala, "je sais seulement il vivait avec sa sœur à Saint Augustin, et qu'il a toujours été fidèle à ma mère; les hommes le nommaient Lopez.".
A ces mots je poussai un cri. Serrant Atala sur mon cœur, je m’écriai avec des sanglots:¨ "Ô ma sœur, ô fille de Lopez, fille de mon bienfaiteur!" pleurs;
C'en était trop pour nos cœurs que cette amitié fraternelle qui venait nous visiter. Désormais les combats après cela allaient devenir inutiles. Elle n'offrait plus qu'une faible résistance; je touchais¨ au moment du bonheur, quand un impétueux¨ éclair, suivi d'un éclat de foudre, sillonne¨ l’épaisseur des ombres,¨ remplit la forêt de lumière, et brise un arbre à nos pieds. Nous fuyons. Ô surprise!...dans le silence qui succède¨ nous entendons le son d'une cloche! Tous deux interdits, nous prêtons¨ l'oreille à ce bruit, si étrange dans un désert. À l'instant¨ un chien aboie dans le lointain; il approche, il redouble ses cris, il arrive, il hurle¨ de joie à nos pieds; un vieux solitaire¨ portant une petite lanterne le suit à travers les ténèbres¨ de la forêt. "La Providence¨ soit bénie!¨ " s'écria-t-il aussitôt qu'il nous aperçut. "Il y a bien longtemps que je vous cherche! Notre chien vous a sentis depuis le commencement de l'orage, et il m'a conduit ici. Pauvres enfants!" était près du; brusque; traverse; la nuit; suit; écoutons; immédiatement; crie; (h)ermite; le noir; Dieu; remerciée;
Atala était au pied du religieux: "Chef de la prière," lui disait-elle, "je suis chrétienne; c'est le ciel qui t'envoie pour me sauver." Pour moi, j e comprenais à peine l'ermite; cette charité¨ me semblait si fort au-dessus de l'homme, que je croyais faire un songe.¨ "Vieillard," m'écriai-je enfin, "quel cœur as-tu donc, toi qui n'as pas craint¨ d'être frappé de la foudre?" bonté; rêve; peur;
"Craindre," repartit¨ le père, "craindre, lorsqu'il y a des hommes en péril!¨ je serais donc un bien indigne¨ serviteur de Jésus-Christ" répondit; danger; condamnable;
"Mais, sais-tu," lui dis-je, "que je ne suis pas chrétien?"
"Jeune homme," répondit l'ermite, "vous ai-je demande votre religion? Jésus-Christ n'a pas dit: Mon sang lavera celui-ci, et non celui-là. Il n'a vu dans tous les hommes que des frères et des infortunés."
Ces paroles saisirent¨ mon cœur; des larmes d'admiration et de tendresse¨ tombèrent de mes yeux. "Mes chers enfants," dit le missionnaire, "ma grotte est assez près d'ici dans la montagne; venez vous réchauffer chez moi." émotionnèrent; sympathie;
Nous sortîmes de la forêt, et, après une demi-heure, nous arrivâmes à la grotte du missionnaire.
Le soir ayant ramené la sérénité,¨ le serviteur du Grand-Esprit nous proposa d'aller nous asseoir à l’entrée de la grotte. Ce fut au milieu de cette scène qu'Atala raconta notre histoire au vieux génie de la montagne. Son cœur parut touché, et des larmes tombèrent sur sa robe. calme;
"Mon enfant," dit-il à Atala, "il faut offrir vos souffrances à Dieu. J'instruirai¨ Chactas, et je vous le donnerai pour époux quand il sera digne de l'être." (=de la religion);
À ces mots je tombai aux genoux du solitaire, en versant¨ des pleurs de joie; mais Atala devint pâle comme la mort. pleurant;
Le vieillard me releva avec bénignité¨ et je m'aperçus alors qu'il avait les deux mains mutilées.¨ Atala comprit sur-le-champ¨ ses malignes. "Les barbares!" s'écria-t-elle. douceur; amputées; immédiatement;
Ma fille,"reprit le père avec un doux sourire, qu'est-ce que cela auprès¨ de ce qu'a enduré¨ mon divin Maître?¨ Si les Indiens idolâtres m'ont affligée¨ sont de pauvres aveugles que Dieu éclairera un jour." comparé à; souffert; le Christ; fait mal;
En achevant¨ ces mots, le solitaire se mit à genoux, et nous imitâmes son exemple. finissant;
Le lendemain je cherchai mon hôte. Il me proposa d'aller avec lui à la Mission, tandis qu'Atala reposait encore; j' acceptai son offre, et nous nous mîmes en route à l'instant.¨ immédiatement;
En descendant la montagne, nous découvrîmes le village de la mission, situé au bord d'un lac. Aussitôt que les Indiens aperçurent leur pasteur, ils abandonnèrent leurs travaux et accoururent au-devant lui .On présenta un enfant au missionnaire, qui le baptise parmi les jasmins en fleurs. Deux époux reçurent la bénédiction nuptiale.¨ sous un chêne.¨ Je voulus savoir du saint ermite comment il gouvernait ses enfants; il me répondit avec une grande complaisance:¨ "Je ne leur ai donné aucune loi; je leur ai seulement enseigné¨ à s'aimer, à prier Dieu, et à espérer une meilleure vie." du mariage; (certain arbre); bonté; appris;
Les paroles-du solitaire me ravirent¨ et je sentis la supériorité de cette vie stable et occupée¨ sur la vie errante et oisive¨ du Sauvage. Ah! qu'une hutte, avec Atala, sur ces bords, eut rendu ma vie heureuse! m’enthousiasmèrent; travailleuse; inactive;
Si mon songe¨ de bonheur fut vif, il fut aussi d'une court durée, et le réveil¨ m'attendait à la grotte du solitaire. rêve; retour à la réalité;
Je fus surpris, en y arrivant, de ne pas voir Atala accourir au devant de nos pas.¨ Je ne sais quelle soudaine horreur¨ me saisit. Je m’élançai¨ dans la nuit de la caverne.¨ à notre rencontre; peur; courut; grotte;
Atala se montrait pâle et échevelée; ses regards cherchaient encore à m'exprimer son amour, et sa bouche essayait de sourire. Elle nous fit signe de nous approcher¨ de sa couche.¨ venir plus près; lit;
"Mon père," dit-elle d'une voix affaiblie en s'adressant au religieux, je touche au¨ moment de la mort. O, Chactas! écoute sans désespoir le funeste secret que je t'ai caché. J'ai beaucoup de choses à raconter. suis près du;
Après quelques moments de silence, Atala poursuivi ainsi:
Ma mère me mit au monde avec de grands déchirement¨ d'entrailles;¨ on désespéra de ma vie. Pour sauver mes jours ma mère fit un vœu:¨ elle promit à la reine des anges que je lui consacrerais¨ ma virginité,¨ si j’échappais à la mort... Vœu fatal qui me précipite¨ au tombeau! douleurs; utérus; promesse; donnerais; pureté; jette;
J'entrais dans ma seizième année lorsque je perdis ma mère. Quelques heures avant de mourir, elle m'appela au bord de sa couche:¨ "Ma fille," dit-elle, "tu sais le vœu que j'ai fait pour toi. Jure sur cette image de la mère du Sauveur que tu ne trahiras point à la face du ciel." lit;
Je promis tout ce qu'on voulut me faire promettre.
Je ne connus d'abord pas le danger de mes serments.¨ Je te vis, jeune et beau prisonnier, alors je sentis tout le poids¨ de mes vœux." vœux; charge;
Comme Atala achevait¨ de prononcer ces paroles, serrant les poings et regardant le missionnaire d'un air menaçant,¨ je m’écriai: "La voilà donc cette religion que vous m'avez tant vantée!¨ Périsse¨ le Dieu qui contrarie la nature! Homme-prêtre, qu'es-tu venu faire dans ces forets?" finissait; intimidant; glorifiée; Que meure;
"Te sauver," dit le vieillard d'une voix terrible, dompter tes passions, et t'empêcher¨ blasphémateur, d'attirer¨ sur toi la colère céleste."¨ prévenir; que tu attires; du ciel;
Les éclairs qui sortaient des yeux du vieillard, ses paroles foudroyantes¨ le rendaient semblable à un dieu. Je tombai à ses genoux, et lui demandai pardon de mes emportements.¨ "Mon fils," me répondit-il avec un accent si doux que le remords¨ entra dans mon âme, "mon fils, ce n'est pas pour moi-même que je vous ai réprimandé.¨ Mais, mon fils, le ciel, voilà ce qu'il ne faut jamais accuser!" violentes; violence; regret; blâmé;
Pardonnez-moi si je vous ai offensé, mais écoutons votre sœur. Il y a peut-être du remède. Ma fille, la religion n'exige¨ point de sacrifice plus qu'humain. Rassurez-vous donc, ma chère fille, votre situation exige¨ du calme; adressons-nous à Dieu, qui guérit toutes les plaies¨ de ses serviteurs. Si c'est sa volonté, comme je l’espère, que vous échappiez à cette maladie, j’écrirai à l'évêque de Québec; il a les pouvoirs nécessaires pour vous relever¨ de vos vœux." demande; demande; blessures; libérer;
"Il est trop tard," s’écria-t-elle. "Faut-il mourir, au moment ou j'apprends¨ que j'aurais pu être heureuse!" on me dit;
"Calme-toi," lui dis-je, "ce bonheur, nous allons le goûter."
"Jamais! jamais! " dit Atala.
"Comment?" repartis-¨ je. répondis;
"Tu ne sais pas tout", s’écria la vierge, "c'est hier ... pendant l'orage ... j'allais¨ violer¨ mes vœux; j'allais plonger ma mère dans les flammes de l'abîme...¨ Quand tu baisais mes lèvres tremblantes, tu ne savais pas que tu n'embrassais que la mort!' étais sur le point de; casser; enfer;
"O ciel!" s'écria le missionnaire," chère enfant qu'avez vous fait?"
"Un crime, mon père", dit Atala les yeux égarés,¨ "mais je ne perdais¨ que moi, et je sauvais ma mère. En quittant ces cabanes, j'ai emporté avec moi ..." comme fous; ruinais;
"Quoi?" repris-je avec horreur.
"Un poison?" dit le père.
"Il est dans mon sein." s’écria Atala, "crois-tu que ma mère soit contente, et que Dieu me pardonne ce que j'ai fait?"
"Ma fille," répondit le bon religieux, "ma fille, tous vos malheurs viennent de votre ignorance; Dieu vous pardonnera, à cause de la simplicité de votre cœur."
La parole du vieillard apaisa¨ les passions dans le sein¨ de mon amante. Elle ne parut plus occupée que¨ de ma douleur, et des moyens de me faire supporter¨ sa perte.¨ Elle m'exhortait¨ à la patience, à la vertu.¨ "Tu ne seras pas toujours malheureux,"disait-elle; "si le ciel t’éprouve¨ aujourd'hui, c'est seulement pour te rendre plus compatissant¨ aux maux des autres. Quand je te parlai pour la première fois, tu vis cette croix briller à la lueur¨ du feu sur mon sein; c'est le seul bien que possède Atala. Lopez l'envoya à ma mère peu de jours après ma naissance. Reçois donc de moi cet héritage,¨ ô mon frère! conserve-le en mémoire de mes malheurs. Tu auras recours¨ à ce Dieu des infortunes dans les chagrins de ta vie. Si tu m'as aimée, fais-toi instruire dans le religion chrétienne, qui préparera notre réunion." calma; cœur; penser à; accepter; mort; stimulait; vie morale; fait souffrir; sympathique; lumière; testament; demanderas de l'aide;
Navré¨ de douleur, je promis à Atala d'embrasser¨ un jour la religion chrétienne. À ce spectacle, le solitaire se levant d'un air inspiré: "Il est temps," s'écria-t-il, "il est temps d'appeler Dieu ici." triste; adopter;
Il regarde un moment la fille mourante, et tout à coup ces fortes paroles lui échappent: "Partez, âme chrétienne, allez rejoindre¨ votre Créateur!" Atala venait d'expirer.¨ retrouver; mourir;
Je n'entreprendrai¨ point, ô René! de te peindre¨ aujourd'hui le désespoir qui saisit mon âme lorsque Atala eut rendu le dernier soupir!¨ Pendant deux jours entiers¨ je fus insensible aux discours¨ de l'ermite. essayerai; décrire; fut morte; totales; paroles;
La tendresse, l'onction,¨ l'inaltérable¨ patience du vieux serviteur de Dieu vainquirent enfin l'obstination de ma douleur. Nous convînmes¨ que nous partirions le lendemain au lever du soleil pour enterrer Atala. douceur; constante; nous accordâmes;
Il fut résolu aussi que nous passerions la nuit en prière auprès du corps de cette sainte.
Le religieux ne cessa¨ de prier toute la nuit. J’étais assis en silence au chevet¨ du lit funèbre¨ de mon Atala. Cependant une barre¨ d'or¨ se forma dans l'orient¨ : c’était le signal du convoi d'Atala. Je chargeai le corps sur mes épaules. Enfin, nous arrivâmes au lieu marqué. O mon fils! il eût fallu voir un jeune sauvage et un vieil ermite à genoux l'un vis-à-vis de l'autre dans un désert, creusant¨ avec leurs mains un tombeau pour une pauvre fille dont le corps était étendu¨ près de là, dans la ravine desséchée d'un torrent.¨ s'arrêta; tête; de mort; trait; jaune; est; faisant; couché; rivière de montagne;
Quand notre ouvrage fut achevé,¨ nous transportâmes la beauté dans son lit d'argile.¨ Prenant alors un peu de poussière¨ dans ma main, j'attachai¨ pour]e dernière fois mes yeux sur le visage d'Atala. fini; terre; terre; fixai;
"Lopez", m’écriai-je alors, vois ton fils inhumer¨ ta fille!" et j'achevai¨ de couvrir Atala de la terre du sommeil.¨ enterrer; finis; de la mort;
Nous retournâmes à la grotte, et me fis part¨ au missionnaire du projet¨ que j'avais formé de me fixer¨ près de lui. Le saint découvrit ma pensée et la ruse de ma douleur. Il me dit: "Chactas, fils d'Outalissi, vous vous devez à votre patrie. Croyez-moi, mon fils, les douleurs ne sont pas éternelles. Retournez au Meschacebé; allez consoler¨ votre mère, qui vous pleure tous les jours, et qui a besoin de votre appui.¨ Faites-vous instruire dans la religion de votre Atala, lorsque-vous en trouverez l'occasion; et souvenez-vous¨ que vous lui avez promis d'être vertueux¨ et chrétien. Moi, je veillerai ici sur son tombeau. Partez, mon fils. Dieu, l’âme de votre sœur et le cœur de votre vieil ami vous suivront." parlai; intention; installer; calmer; aide; n'oubliez pas; moralement bon;
Telles furent les paroles de l'homme du rocher; son autorité était trop grande, sa sagesse trop profonde, pour ne lui obéir pas. Dès le lendemain¨ je quittai mon vénérable¨ hôte, qui, me pressant sur son cœur, me donna ses derniers conseils, sa dernière bénédiction et ses dernières larmes. déjà le jour après; respectable;
René
En arrivant chez les Natchez, René avait été obligé¨ de prendre une épouse,¨ pour se conformer aux mœurs¨ des indiens; mais il ne vivait point avec elle. Un penchant¨ mélancolique l’entraînait¨ au fond des bois; il y passait des journées entières et semblait sauvage parmi les sauvages. Chactas, son père adoptif, et le père Souël, missionnaire au fort Rosalie, avaient pris beaucoup de empire¨ sur son cœur; le premier, par une indulgence¨ aimable, l'autre, au contraire, par une extrême¨ sévérité. dû; femme; traditions; tendance; faisait aller; influence; compréhension; très grande;
Chactas et le missionnaire désiraient vivement de connaître¨ par quel malheur un Européen bien né¨ avait été conduit¨ à l'étrange résolution de s'envelir¨ déserts de Louisiane. René avait toujours donné pour motif de ses refus le peu d’intérêt¨ de son histoire. savoir; noble; inspiré; enterrer; importance;
Quelques années s’écoulèrent¨ de la sorte¨ sans que les deux vieillards pussent lui arracher¨ son secret. Une lettre qu'il reçut de l'Europe par le bureau des Missions étrangères, redoubla tellement sa tristesse, qu'il fuyait jusqu'ਠses vieux amis. Ils n'en¨ furent que plus ardent¨ à le presser de leur ouvrir son cœur; ils y mirent tant de discrétion, de douceur et d'autorité, qu'il fut enfin obligé de les satisfaire.¨ Il prit donc jour(rendez-vous} avec eux pour leur raconter, non les aventures de sa vie, mais les sentiments secrets de son âme. passèrent; ainsi; tirer de lui; même; pour cela; énergiques; contenter;
Le père Souël et Chactas s'assirent sur le gazon; René prit place au milieu d'eux, et après un moment de silence, il parla de la sorte(ainsi} à ses amis:
J'ai coûté la vie à ma mère en venant au monde, j'ai été tiré de son sein avec le fer. J'avais un frère que mon père bénit,¨ parce qu'il voyait en lui son fils aîné. Timide et contraint¨ devant mon père, je ne trouvais l'aise¨ et le contentement qu'auprès de ma sœur Amélie. Une douce conformité¨ d'humeur et de goûts m'unissait étroitement à cette sœur; elle était un peu plus âgée que moi. préféra; gêné; liberté; identité;
Cependant¨ mon père fut atteint¨ d'une maladie qui le conduisit en peu de jours au tombeau. Il expira¨ dans mes bras. J'appris à connaître la mort sur les lèvres de celui qui m'avait donne la vie. Cette impression fut grande; elle dure encore. mais; frappé; mourut;
Il fallut quitter le toit paternel, devenu l’héritage¨ de mon frère; je me retirai avec Amélie chez de vieux parents. biens par testament;
Amélie m’entrerait¨ souvent du bonheur de la vie religieuse; elle me disait que j'étais le seul lien¨ qui la retint dans le monde, et ses yeux s'attachaient¨ sur moi avec tristesse. me parlait; relation; fixaient;
Le cœur ému par ces conversations pieuses,¨ je portais¨ souvent mes pas vers un monastère¨ voisin de mon nouveau séjour; un moment même j'eus la tentation¨ d'y cacher ma vie. dévotes; allai; maison religieuse; désir;
Soit¨ inconstance naturelle, soit préjugé contre la vie monastique,¨ je changeai mes desseins;¨ je me resolus à voyager. Je dis adieu à ma sœur;elle me serra dans ses bras avec un mouvement qui ressemblait à de la joie, comme si elle eût été heureuse de me quitter. ou bien; religieuse; projets;
Je visitai d'abord les peuples qui ne sont plus: je m'en allai m'asseyant sur les débris¨ de Home et de la Grèce. restes, ruines;
Mais je me lassai¨ de fouiller dans ses cercueils, où je ne remuais¨ trop souvent qu'une poussière criminelle. j'en avais assez; troublais;
Je voulus savoir si les races vivantes m'offriraient plus de vertus¨ ou moins de malheurs que les races évanouies.¨ Comme¨ je me promenais un jour dans une grande cité, en passant derrière un palais, j'aperçus une statue. Des manœuvres¨ étaient couchés avec indifférence au pied de la statue, ou taillaient¨ des pierres en sifflant. Je leur demandai ce que signifiait ce monument; les uns purent à peine me le dire, les autres ignoraient la catastrophe qu'il retraçait.¨ Rien ne m'a plus donné la juste mesure¨ des événements de la vie et du peu que nous sommes. Que sont devenus ces personnages qui firent tant de bruit?¨ bonnes qualités; mortes; quand; ouvriers; coupaient; rappelait; valeur; sensation;
Je recherchai surtout dans mes voyages les artistes, et ces hommes divins qui chantent les dieux sur la lyre et la félicité des peuples, qui honorent les lois, la religion et les tombeaux.
Ces chantres sont de race divine; ils possèdent le seul talent incontestable¨ dont le ciel ait fait présent à la terre. certain;
Sur les monts de la Calédonie, le dernier barde qu'on ait ouï¨ dans ses déserts me chanta les poèmes dont un héros consolait¨ jadis sa vieillesse. entendu; calmait la douleur de;
L'ancienne et riante Italie m'offrit la foule¨ de ses chefs-d’œuvre. masse;
Cependant¨ qu'avais-je appris jusqu'alors avec tant de fatigue? Rien de certain, parmi les anciens, rien de beau parmi les modernes. mais;
Ce grand siècle¨ dont je n'ai vu que la fin dans mon enfance, n’était plus, lorsque je rentrai dans ma patrie. Jamais un changement¨ plus étonnant et plus soudain ne s'est opéré¨ chez un peuple. De la hauteur du génie, du respect pour la religion, de la gravité¨ des mœurs,¨ tout était subitement descendu à la souplesse de l'esprit, à l’impiété, à la corruption. (le l8 ); (=la Révolution); réalisé; noblesse; morale;
Ma sœur, par une conduite inexplicable, semblait se plaire à augmenter¨ mon ennui; elle avait quitte Paris, quelques jours avant mon arrivée. Je lui écrivis que je comptais¨ l'aller rejoindre; elle si hâta de me répondre pour me détourner de ce projet. agrandir; voulais;
Je me trouvai bientôt plus isolé dans ma patrie que je ne l'avais été sur une terre étrangère. Dégoûté¨ de plus en plus des choses et des hommes, je pris le parti¨ de me retirer pour m'ensevelir¨ dans la solitude absolue. J'étais seul, seul sur la terre! Une langueur¨ secrète s'emparait¨ de mon corps. Ce dégoût¨ de la vie que j'avais ressenti dès mon enfance revenait avec une force nouvelle. Enfin, ne pouvant trouver de remède à cette étrange blessure de mon cœur, qui était nulle part et qui était partout, je résolus de quitter la vie.Je résolus de mettre toute ma raison dans cet acte insensé.¨ Rien ne pressait. Cependant je crus nécessaire de prendre des arrangements concernant¨ ma fortune, et je fus oblige d’écrire à Amélie. Au lieu de me répondre, elle me vint tout à coup surprendre. Je reçus Amélie dans une sorte d'extase de cœur. Il y avait si longtemps que je n'avais trouvé quelqu'un qui m'entendît, et devant qui je pusse ouvrir mon âme. remplis antipathie; décision; cacher; mélancolie; gagna; aversion; fou; pour;
Amélie, se jetant dans mes bras, me dit: "Ingrat, tu veux mourir, et ta sœur existe! Jure que c'est la dernière fois que tu te livreras à tes folies; fais le serment¨ de ne jamais attenter à tes jours!¨ " promesse devant Dieu; te suicider;
Je le fis sans hésiter, ne soupçonnant¨ même pas que désormais¨ je pusse être malheureux. n'ayant pas l'idée; à l'avenir;
Nous fûmes plus d'un mois à nous accoutumer¨ à l'enchantement d'être ensemble. Quand le matin, au lieu de me trouver seul j'entendais la voix de ma sœur, j’éprouvais¨ un tressaillement¨ de joie et de bonheur. habituer; sentais; élan;
L'hiver finissait; brusque je m'aperçus qu’Amélie perdait le repos et la santé. Un jour, je la surpris tout en larmes¨ au pied d'un crucifix. En vain¨ je recherchais à découvrir son secret. Enfin, un matin, je monte à son appartement; je frappe, on ne me répond point; j’entre-ouvre¨ la porte, il n'y avait personne dans la chambre. J'aperçois sur la cheminée un paquet à mon adresse.¨ Je le saisis en tremblant, je l'ouvre, et je lis cette pleurs; sans résultat; ouvre un peu; pour moi;
lettre que je conserve pour m'ôter¨ à l'avenir tout mouvement¨ de joie. me refuser; sentiment;
À René.
Le ciel m'est témoin,¨ mon frère, que je donnerais mille fois ma vie pour vous épargner¨ un moment de peine,¨ mais infortunée que je suis, je ne puis rien pour votre bonheur. Vous me pardonnerez donc de m'être dérobée¨ de chez vous comme une coupable; je n'aurais jamais pu résister¨ à vos prières, et cependant il fallait partir. sait de moi; éviter; chagrin; d'être parti; m'opposer;
Je ne vous rappellerai point votre serment;¨ je connais la fidélité de votre parole.¨ Vous l'avez juré¨ vous vivrez pour moi. promesse; promesse; promis;
Mon frère, sortez au plus vite de la solitude,¨ qui ne vous est pas bonne; cherchez quelque occupation.¨ Peut-être trouveriez-vous dans le mariage un soulagement¨ à vos ennuis;¨ une femme, des enfants, occuperaient¨ vos jours. isolement; travail; aide; chagrin; rempliraient;
Je pars pour le couvent¨ de ..., Aimable compagnon de mon maison religieuse;
enfance, est-ce que je ne vous verrai plus? Je ne sais si vous pourrez lire ces lignes à demi effacées par mes larmes. Après tout, mon ami, un peu plus tôt, un peu
plus tard, n'aurait-il pas fallu nous quitter? O mon frère! si je m'arrache à vous dans le temps, c'est pour n'être pas séparée de vous dans l’éternité.
AMÉLIE
La foudre¨ qui fût¨ tombée à mes pieds ne m'eût pas causé plus d'effroi¨ que cette lettre. Quel secret Amélie me cachait-elle? Je résolus d'aller à B... pour faire un dernier effort auprès de ma sœur. La terre où j'avais été élevé se trouvait sur la route. Quand j'aperçus les bois où j'avais passé les seuls moments heureux de ma vie, je ne pus retenir¨ mes larmes, et il me fut impossible de résister¨ à la tentation¨ de leur dire un dernier adieu. l’éclair; serait; terreur; dominer; m'opposer à; désir;
Mon frère aîné avait vendu l'héritage paternel, et le nouveau propriétaire ne l'habitait plus. J'arrivai au château par la longue avenue de sapins.¨ Un gardien inconnu s’écria: "Hé bien! allez-vous faire comme cette étrangère qui vint ici il y a quelques jours? Quand ce fut pour entrer, elle s'évanouit,¨ et je fus obligé¨ de la reporter à sa voiture." (certain arbre); tomba sans connaissance; dus;
Il me fut aisé¨ de reconnaître l'"étrangère", qui, comme moi, était venue chercher dans ces lieux des pleurs et des souvenirs. facile;
En arrivant à B..., je me fis-conduire au couvent; je demandai à parler à ma sœur, on me dit qu'elle ne recevait personne, je lui écrivis; elle me répondit que, sur le point de se consacrer¨ à Dieu, il ne lui était pas permis de donner une pensée au monde. Elle ajoutait: donner sa vie;
"Cependant¨ si votre projet est de paraître à l'autel le jour de ma profession,¨ daignez¨ m'y servir de père." mais; entrée définitive à l'ordre; veuillez;
La supérieure du couvent me fit prévenir¨ qu'on avait prepare un banc dans le sanctuaire, et elle m'invitait à me rendre à la cérémonie. informer;
On vient alors me chercher pour remplir les fonctions paternelles. On me place à côté du prêtre, pour lui présenter les ciseaux. Ma sœur avance hardiment¨ la tête. courageusement;
Sa superbe chevelure tombe de toutes parts sous le fer; et le voile mystérieux, double symbole de la virginité¨ et de la religion accompagne¨ sa tête dépouillé.¨ pureté; couvre; sans cheveux;
Tout à coup un murmure confus¨ sort de dessus le voile.. peu clair;
Je m'incline,¨ et ces paroles épouvantables¨ (que je fus seul à entendre) viennent frapper mon oreille: "Dieu de miséricorde, fais que je ne me relève jamais et comble¨ de tes biens un frère qui n'a point partagé ma criminelle passion!" me baisse; terribles; remplis;
À ces mots, l'affreuse¨ vérité m’éclaire; ma raison s’égare,¨ je me laisse tomber; on m'emporte sans connaissance. terrible; est troublée;
J’appris, en rouvrant les yeux, que, le sacrifice¨ était consommé¨ et que ma sœur avait été saisie d'une fièvre ardente.¨ Elle me faisait prier de ne plus chercher à la voir. cérémonie; fini; violente;
Éclairé¨ sur les maux de ma sœur, je me figurais¨ ce qu'elle avait du souffrir. Alors s’expliquèrent pour moi plusieurs choses que je n'avais pu comprendre. informé; faisais une idée;
Je me déterminai à quitter l'Europe, et à passer en Amérique. Et ce fut le lendemain de cette nuit terrible que je vis s’éloigner pour jamais¨ ma terre natale." toujours;
Comme¨ René achevait¨ de raconter son histoire, il tira de son sein¨ un papier, et le donna au père Souel. Elle était de la supérieure de ... Elle contenait le récit¨ des derniers moments de la sœur¨ Amélie de la Miséricorde, morte victime de son zèle et de sa charité, en soignant ses compagnes attaquées¨ d'une maladie contagieuse. Toute la communauté était inconsolable,¨ et l'on y regardait Amélie comme une sainte. quand; finissait; cœur; histoire; religieuse; frappées; triste;
Chactas pressait René dans ses bras; le vieillard pleurait. Jusqu'alors le père Souël, sans proférer¨ une parole, avait écouté d'un air austère¨ l'histoire de René. Il portait en secret un cœur compatissant¨ mais il montrait au dehors un caractère inflexible.¨ dire; dur; plein de pitié; dur;
"Rien," dit-il au frère d’Amélie, "rien ne mérite, dans cette histoire, la pitié qu'on vous montre ici. Je vois un jeune homme entêté¨ de chimères¨ à qui tout déplaît, et qui s'est soustrait¨ aux charges¨ de la société pour se livrer à d'inutiles rêveries. On n'est point, monsieur, un homme supérieur parce qu'on aperçoit le monde sous un jour odieux.¨ Étendez¨ un peu votre regard, et vous serez bientôt convaincu¨ que tous ces maux dont vous vous plaignez sont de purs néants.¨ La solitude¨ est celui qui n'y vit pas avec Dieu; quiconque¨ a reçu des forces doit les consacrer¨ au service de ses semblables;¨ s'il les laisse inutiles, il en est d'abord puni par une secrète misère, et tôt ou tard le ciel lui envoie un châtiment¨ effroyable."¨ rempli; illusions; à abandonné; obligations; mauvaise; élargissez; sur; riens; isolement; celui qui; employer; prochains; punition; terrible;
Troublé par ces paroles, René releva sa tête humiliée.¨ rabaissée;
Le sachem aveugle se prit¨ à sourire. "Mon fils," dit le vieil amant d'Atala, il nous parle sévèrement,¨ il corrige et le vieillard et le jeune homme, et il a raison. Oui, il faut que tu renonces¨ à cette vie extraordinaire, qui n'est pleine que de soucis,¨ il n'y a de bonheur que dans les voies communes."¨ commença; durement; quittes; contrariétés; vie normale;
Chactas cessa¨ de parler. Les trois amis reprirent en silence la route de leurs cabanes: René marchait en silence entre le missionnaire qui priait Dieu et le Sachem aveugle qui cherchait sa route. On dit que, pressé par les deux vieillards, il retourna chez son épouse,¨ mais sans y trouver le bonheur. Il périt¨ peu de temps après avec Chactas et le père Souël, dans le massacre des Français et des Natchez à la Louisiane. On montre encore un rocher où il allait s'asseoir au soleil couchant. s'arrêta; femme; mourut;