La chanson de Roland est une chanson de geste¨
du onzième siècle.
|
poème épique;
|
Notre seigneur, le grand roi Charlemagne,
|
|
Sept ans tout pleins¨
a été en Espagne,
|
complets;
|
Jusqu’à la mer conquis¨
la terre hautaine
|
pris;
|
Sauf¨
Saragosse, qui est sur la montagne;
|
excepté, mais pas;
|
Le roi Marsile l'a, qui plein d'incroyance, ¨
|
sans religion;
|
Sert Mahomet, d'Apollon se réclame.¨
|
demande de l'aide;
|
Le Roi Marsile était en Saragosse
|
|
Là, il appelle tous les ducs et ses comtes¨
|
nobles;
|
"Voilà, Seigneurs, ce qui tant nous encombre¨
|
est notre problème;
|
L'empereur Charles, de douce France bonne,
|
|
En ce pays est venu nous confondre, ¨
|
rendre la vie difficile;
|
Je n'ai pas d'hommes suffisants¨
qui l'affrontent¨
|
en assez grand nombre;
faire front;
|
Conseillez-moi comme des sages hommes
|
|
Sauvez-moi donc de la mort, de la honte."
|
|
Là, Blancandrin, un de ses païens¨
|
incroyants;
|
Dit à son roi: "ne soyez pas troublé;
|
|
Mandez¨
à Charles, l’orgueilleux¨
et le fier
|
faites dire;
qui se croit supérieur;
|
De le servir en fidèle amitié.
|
|
Faites donner des ours, des lions, des chiens.
|
|
Quatre cents mules d'or et d'argent chargées¨
|
qui portent de l'or etc.;
|
Dans ce pays il a assez lutté.¨
|
s'est assez battu;
|
En France, à Aix il doit bien retourner
|
|
Mandez de le suivre à la Saint-Michel¨
|
à la fête de Saint-Michel;
|
Pour les otages¨
, s'il en veut, envoyez
|
prisonniers qui sont une garantie;
|
Dix ou vingt hommes, cela va le tromper¨
|
duper;
|
Nos propres fils, il faut les envoyer
|
|
S'il doit mourir, j'enverrai bien le mien
|
|
Les Francs iront tous en France, leur terre
|
|
Charles sera à Aix, à sa chapelle¨
|
petite église;
|
Le jour viendra, puis passera le terme¨
|
limite dans le temps;
|
Mais il n'aura jamais de vos nouvelles
|
|
Dix mules blanches fit amener¨
Marsile
|
a fait venir;
|
Y montent ceux qui pour lui négocient¨
|
discutent les accords;
|
Et dans leurs mains ont des branches d'olive
|
|
Auprès de Charles, roi de France, ils arrivent.
|
|
Là, Blancandrin a tout d'abord parlé
|
|
Puis sous un pin¨
, le roi s'est allé
|
sorte d'arbre;
|
Mandant¨
à ses pairs¨
pour y délibérer¨
|
faisant venir;
barons;
discuter;
|
Roland, le comte, se lève alors pour dire:
|
|
"Malheur à vous, si vous croyez Marsile..
|
|
Voila¨
sept ans que nous sommes ici
|
depuis;
|
Le roi Marsile y fit bien des traîtrises¨
|
perfidies;
|
Deux de vos comtes¨
pour le païen¨
partirent
|
nobles;
incroyant, ici: Marsile;
|
Il prit leur têtes près du mont d'Haltoïde
|
|
Faites la guerre comme elle est entreprise.¨
"
|
commencée;
|
Les Francs se taisent¨
excepté¨
Ganelon
|
ne parlent pas;
mais pas;
|
Il se relève et vient devant Charlon
|
|
Il dit au roi: "Croyez-vous un félon¨
|
homme sans honneur;
|
Qui ne veut pas faire de convention¨
|
accord;
|
Sans se soucier¨
comment donc nous mourrons?"
|
se demander;
|
Après lui Naimes, le duc est venu
|
|
Il dit au roi: "Vous l'avez entendu,
|
|
Le roi Marsile, dans la guerre est vaincu¨
|
battu;
|
Quand il demande d'avoir pitié¨
de lui
|
miséricorde, grâce;
|
C'est un péché¨
de lui demander plus."
|
faute contre Dieu;
|
Les Français disent: "bien a parlé le duc."
|
|
"Chevaliers francs¨
, " a dit l'empereur Charles
|
nobles;
|
Choisissez-moi un baron de ma marche¨
|
région;
|
qui porte au roi Marsile mon message¨
|
communication, annonce;
|
Là Roland dit: "Ganelon! Mon parâtre¨
"
|
beau pere;
|
Les Français disent: "Il faut bien qu'il le fasse¨
!"
|
il doit le faire;
|
Mais Ganelon, qui est en grande angoisse¨
|
peur;
|
Dit à Roland:"Fou¨
, pourquoi tu enrages¨
|
idiot;
deviens furieux;
|
On sait bien que je suis ton parâtre
|
|
Et tu veux donc que chez Marsile j'aille!
|
|
Si Dieu me donne que de la j’échappe¨
|
je me tire, je me sauve;
|
Je te ferrai un si puissant¨
dommage¨
|
grand;
perte, ravage;
|
Qu'il durera bien pendant tout ton age¨
"
|
ici:vie;
|
L'empereur veut son gant droit lui remettre¨
|
donner;
|
Mais Ganelon voudrait ne pas y être
|
|
Avant qu'il prenne, le gant tombe à terre
|
|
Les Français disent: "Quel signe ce peut être!
|
|
De ce message¨
nous viendra grande perte!"
|
ici: ambassade;
|
vêtement qui couvre la main
|
|
Mais Ganelon part avec Blancandrin.
|
|
L'un donne à l'autre méchamment¨
son crédit¨
|
cherchant à faire du mal;
confiance;
|
Car ils voudraient faire Roland périr¨
|
mourir;
|
Ils chevauchèrent¨
tant par voies¨
, tant par chemins¨
|
allèrent à cheval;
chemins;
route;
|
Qu'à Saragosse descendent sous un if¨
|
sorte d'arbre;
|
Là fut le roi qui l'Espagne soumit.¨
|
mit sous sa domination;
|
Le Païen dit:"Je trouve merveilleux¨
|
étonnant;
|
Charlemagne est déjà chenu¨
et vieux
|
blanc de vieillesse;
|
Ne va-t-il donc jamais quitter ces lieux¨
?"
|
ici: ce pays;
|
"Pas, " dit le comte, "tant¨
que vit son neveu."
|
aussi longtemps que;
|
"Ganelon, Sire, " lui dit le roi Marsile,
|
|
"Comment pourrais-je donc Roland occire¨
?"
|
tuer;
|
Ganelon dit:"Je vais bien vous le dire:
|
|
Le roi sera aux plus grands ports¨
de Sizre;
|
passages dans la montagne;
|
L’arrière-garde¨
va, de très loin, le suivre
|
partie de l’armée qui ferme la marche;
|
Et là sera Roland, son neveu riche
|
|
Et Olivier, à qui tant il se fie¨
|
en qui il a confiance;
|
Vingt mille Francs sont de leur compagnie¨
|
avec eux;
|
De vos païens, envoyez-y cent mille.
|
|
De ce combat jamais il ne se tire
|
|
Vous n'aurez plus de guerre de la vie."
|
|
Marsile dit:"Que de plus j'en dirais¨
?
|
que dirais-je encore?;
|
Jurez-moi¨
donc de trahir¨
les Français."
|
promettez-moi devant Dieu;
livrer, donner entre les mains;
|
Ganelon dit:"Bon, si cela vous plaît."
|
|
De grand matin¨
l'empereur s'est levé
|
très tôt;
|
Ganelon vint, le félon parjuré¨
|
perfide;
|
Perfidement, il commence à parler.
|
|
Il dit au roi: "Par dieu soyez sauvé.
|
|
De Saragosse je vous donne les clés
|
|
De tres grands biens¨
je viens vous ramener
|
richesses;
|
Bien vous pouvez croire le roi païen.
|
|
Vous ne verrez ce dernier mois passé
|
|
Qu'il va vous suivre en France bien régnée.¨
"
|
gouvernée;
|
Là le roi dit: "Que Dieu soit remercié.
|
|
De ce fait-là soyez récompensé¨
|
gratifié;
|
Puis dans l’armée il fait les cors¨
sonner
|
instrument de musique;
|
Levant le camp¨
on charge les sommiers¨
|
repliant les tente;
cheval de transport;
|
Vers douce France ils sont dirigés.¨
|
sont allés;
|
La nuit s’écoule¨
et l'aube¨
apparaît claire
|
passe;
lumière du soleil levant;
|
Tout fièrement notre empereur s'avance¨
|
vient en avant;
|
"Seigneurs barons" a dit l'empereur Charles
|
|
"Voyez les ports et les étroits¨
passages;
|
peu larges;
|
Choisissez-moi ceux de l’arrière-garde"
|
|
Ganelon dit: "Mais, mon beau-fils le brave¨
|
courageux;
|
Aucun baron n'a de plus grand courage."
|
|
Étant choisi pour l’arrière-garde
|
|
Roland dit, furieux, a son parâtre¨
:
|
beau père;
|
"Mauvais homme, lâche¨
de vile race, ¨
|
homme sans courage;
mauvaise origine;
|
Penses-tu que le gant des mains m’échappe, ¨
|
tombe;
|
Comme cella t'arriva devant Charles"
|
|
L'empereur Charles a appelé Roland
|
|
"Seigneur neveu, or¨
sachez donc vraiment
|
eh bien!;
|
Je vous donne la moitié¨
de mes gens."
|
la deuxième partie;
|
Le comte dit: "Je n'en voudrais pas tant;
|
|
Je garderai¨
vingt mille Francs vaillants¨
|
me réserverai;
courageux;
|
Vous passerez les ports très sûrement.¨
"
|
sans danger;
|
Hauts sont les monts et les vals¨
ténébreux¨
|
vallées;
sans lumière;
|
Et les Français vinrent avec douleurs¨
|
difficultés;
|
En Gascogne, terre de leur seigneurs.
|
|
Aucun soldat qui n'en verse des pleurs.¨
|
tous les soldats en pleurent;
|
Marsile mande¨
d'Espagne ses barons,
|
fait venir;
|
Comtes, vicomtes, ducs et almanzors¨
|
titre de noblesse;
|
Quatre cent mille réunis en trois jours
|
|
Puis ils chevauchent avec grands efforts¨
|
énergie;
|
Par Cedagne, par les vals et les monts,
|
|
Lorsqu'ils ont vu les Francs les gonfalons, ¨
|
bannières, étendards;
|
L’arrière-garde des douze compagnons.
|
|
Les païens s'arment d'hauberts¨
maures de choix
|
vêtement de protection;
|
Des cors ils sonnent pour causer de l'effroi¨
|
faire peur;
|
Le grand bruit¨
met les Français en émoi.¨
|
tumulte;
agitation;
|
Olivier dit: "Les païens sont bien forts;
|
|
Ami Roland, sonnez de votre cor;
|
|
Charles l'entendra et reviendra alors."
|
|
Roland répond: "Je ne suis pas idiot!
|
|
En douce France, je perdrais mon renom.¨
"
|
ma réputation;
|
Ailleurs¨
se trouve l’archevêque¨
Turpin
|
à un autre place;
prélat de l’église;
|
Qui sermonne¨
les Français et leur dit:
|
commence a parler à;
|
"Charles, Seigneurs, nous a laissés ici.
|
|
Pour notre roi nous devons bien mourir.
|
|
La chrétienté¨
, il faut la soutenir.¨
|
monde chrétien;
défendre;
|
Vous êtes sûr d'avoir bataille ici;
|
|
Confessez-vous¨
et priez Dieu merci;
|
reconnaissez vos fautes;
|
J'absous¨
vos âmes¨
afin¨
de les guérir
|
pardonne les péchés à;
partie spirituelle de l'homme;
pour;
|
Si vous mourez, vous serez des martyrs;¨
|
gens morts pour la religion;
|
Vous siégerez¨
au plus haut paradis."
|
habiterez;
|
Tous les Français se dressent¨
sur les pieds.
|
mettent;
|
Ils sont absous, quittes¨
de leurs péchés.
|
libres;
|
Après, ils montent sur leurs destriers¨
légers.
|
chevaux;
|
Au ports d'Espagne est donc passé Roland
|
|
Sur Veilantif, son bon cheval courant.¨
|
rapide;
|
Là, il regarde les Français doucement.¨
|
ici: avec sympathie;
|
Puis il leur dit un mot courtoisement¨
:
|
aimablement;
|
"Seigneurs barons, battez vous bravement.¨
"
|
avec courage;
|
Olivier dit:"À quoi bon¨
donc parler
|
pourquoi;
|
Votre oliphant, ¨
il fallait¨
le sonner
|
nom du cor de Roland;
vous auriez dû;
|
Ceux qui sont là, ne sont pas a blâmer¨
|
critiquer;
|
Seigneurs barons, il faut que vous frappiez"
|
|
Le combat¨
est merveilleux¨
et pesant¨
|
rencontre des armées;
remarquable, marquant;
pénible, fort;
|
Très dur y frappent Olivier et Roland
|
|
Et les Français frappent très bravement
|
|
Les païens meurent à milliers et à cent
|
|
Et les Français perdent leurs meilleurs gens.
|
|
Quand Roland voit des siens¨
la grande perte,
|
de ses gens;
|
Son compagnon Olivier, il l'appelle:
|
|
"Ami, de ça que peut-il vous paraître¨
?
|
que penses-vous de cela;
|
Vous voyez tant de bons vassaux¨
à terre;
|
nobles;
|
Olivier, frère, que pourrons-nous donc faire?"
|
|
Olivier dit:"Où le roi peut-il être?
|
|
Mieux vaut¨
mourir que honte¨
nous soit faite.¨
"
|
il serait mieux de;
déshonneur;
arrive;
|
"Je sonnerai, ", dit Roland, "L'oliphant.
|
|
Si Charlemagne l'entend aux ports passant, ¨
|
quand il passe;
|
Je vous jure¨
, il renverra¨
les Francs."
|
assure;
fera revenir;
|
Olivier dit:"L’opprobre¨
serait grand;
|
déshonneur;
|
La honte aussi envers¨
tous vos parents.¨
"
|
pour;
votre famille;
|
Roland lui dit:"Très grande est la bataille.
|
|
Je sonnerai afin¨
d'avertir¨
Charles."
|
pour;
informer;
|
Olivier dit:"Ça ne serrait pas brave!
|
|
Quand je l'ai dit, alors vous refusâtes.¨
"
|
avez dit: non;
|
Les morts ne doivent en avoir aucun blâme.¨
|
critique;
|
Si je revois ma sœur Aude¨
, la sage¨
|
la fiancée de Roland;
sérieuse;
|
Je ferrai que jamais tu ne l'embrasses.¨
"
|
la prenne dans tes bras;
|
Quand l’archevêque les entend quereller, ¨
|
discuter avec fureur;
|
Il vient à eux pour les réprimander¨
|
blâmer;
|
"Sire Roland et vous Sire Olivier,
|
|
Il ne faut pas, par Dieu, vous quereller.
|
|
Sonner du cor ne peut plus nous aider,
|
|
Mais que le roi vienne pour nous venger.¨
"
|
réparer le déshonneur de notre mort;
|
prélat de l'église catholique
|
|
Roland le comte, par douleur et ahan, ¨
|
chagrin, déplaisir (ce sont synonymes);
|
Par grande peine sonne son oliphant
|
|
Puis de la bouche lui sort beaucoup de sang
|
|
Toute la tempe¨
, de la tête se fend¨
|
côté d la tête entre l’œil et l’oreille;
se casse;
|
Charles l'entend au loin¨
aux ports passant.
|
à grand distance;
|
Et le roi dit:"C'est le cor de Roland;
|
|
Il ne l'a jamais sonné qu'en battant.¨
"
|
seulement quandil se battait;
|
Puis l'empereur a fait sonner les cors.
|
|
Sur leurs destriers¨
montent tous les barons.
|
chevaux;
|
Piquant des deux¨
ils traversent¨
les ports
|
(pour faire courir les chevaux);
passent par;
|
Mais à quoi bon¨
? Ils ont tardé par trop!¨
|
pourquoi;
pris trop de temps;
|
Le roi fait prendre le comte Ganelon.
|
|
Et il commande aux gens de sa maison:
|
|
"Gardez-le¨
bien, comme un très grand félon, ¨
|
surveillez-le;
criminel;
|
Qui de mes gens a fait la trahison.¨
"
|
livré mes gens à l'ennemi;
|
Hauts sont les monts et ténébreux¨
et grands
|
sombres, obscures;
|
Les vals profonds et les fleuves courants.¨
|
rivières rapides;
|
Là, l'empereur chevauche violemment, ¨
|
avec fureur;
|
Les Français sont curieux et très dolents, ¨
|
tristes;
|
Et prient¨
Dieu de protéger¨
Roland.
|
demandent à;
défendre, assister;
|
Mais à quoi bon¨
? Ça ne sert nullement!¨
|
pourquoi;
ce n'est plus utile;
|
Ils tardent trop, ¨
ne pouvant être à temps.
|
prennent trop de temps;
|
Les païens voient tous les Français qui sont morts
|
|
L'un dit à l'autre:"L'empereur a bien tort.¨
"
|
a fait une faute;
|
Un émir saute sur son cheval bien fort
|
|
Pique le bien de ses éperons¨
d'or¨
|
instrument qui sert à piquer un cheval;
métal précieux;
|
Frappe Olivier arrière dans le dos.
|
|
Olivier sent qu'il est à mort battu.
|
|
Tient Hauteclaire, ¨
dont l'acier était brun,
|
nom de son épée;
|
Frappe l’émir au heaume¨
à or aigu, ¨
|
armure qui protège la tête;
pur;
|
Tranche¨
sa tête jusqu’à ses dents menues¨
|
coupe;
petites;
|
Frappant son coup, à mort l'abattu.
|
|
Olivier sent qu'alors la mort le touche.¨
|
est tout près;
|
Il perd l’ouïe, ¨
et la vue se perd toute
|
don des oreilles;
|
Puis il descend, sur la terre se couche,
|
|
De temps en temps vers Dieu son âme tourne
|
|
Il bénit ¨
Charles et la France douce.
|
appelle l'aide de Dieu pour;
|
Le cœur lui manque¨
et le heaume se courbe¨
,
|
ne bat plus;
descend;
|
Et son corps sur la terre s’écroule¨
|
tombe;
|
Le comte est mort. Son âme à Dieu retourne.
|
|
Roland le pleure, des yeux les larmes coulent.
|
|
Jamais plus grande tristesse l'on trouve.
|
|
Roland le comte, résolument se bat.
|
|
Mais son corps est en sueur¨
et très las.¨
|
transpire;
fatigué;
|
Sa tête est douloureuse et lui fait mal.
|
|
Il eut la tempe¨
rompue, ¨
quand il corna¨
|
côté de la tête entre l'oreille et l’œil;
cassée;
sonna le cor;
|
Voulant savoir si Charles reviendra
|
|
Il prit son cor, faiblement¨
le sonna.
|
sans force;
|
Là, l'empereur s’arrêta, écouta
|
|
"Seigneurs, " dit il, "Quel malheur se fait là!
|
|
Car aujourd'hui Roland nous quittera.
|
|
J'entends au son de son cor qu'il mourra.
|
|
Sonnez les cors autant qu'il y en a!"
|
|
Soixante mille sonnent avec éclat.¨
|
intensité;
|
Quand ils l'entendent, les païens en ont mal.
|
|
L'un dit à l'autre:"Voila Charles déjà!"
|
|
Les païens disent":Quel malheur¨
d’être né¨
!
|
catastrophe;
venu au monde;
|
Le pire¨
jour nous est donc arrivé
|
plus mauvais;
|
Avec ses troupes, Charles va retourner.
|
|
Roland le comte a beaucoup de fierté.¨
|
supériorité;
|
Aucun mortel¨
ne le vaincra¨
jamais.
|
pas un homme;
ne triomphera de lui;
|
Attaquons-le¨
de loin ¨
pour le tuer!"
|
frappons-le;
à distance;
|
Ainsi ils firent; des dards, armes de jet, ¨
|
pour jeter;
|
Épées et lances, javelots empennés.
|
|
Ils ont troué ¨
l'écu¨
de Roland, et
|
perforé;
armure de protection;
|
Ils ont rompu son beau haubert doré, ¨
|
armure de couleur d'or;
|
Mais son beau corps, ils ne l'ont pas touché.¨
|
frappé;
|
Les païens fuient¨
furieux et courroucé¨
|
s'en vont en hâte;
furieux;
|
Mais Roland n'a pas pu les pourchasser.
|
|
Il a perdu Vaillantif, son destrier.¨
|
cheval;
|
Puis Roland sent que la mort le surprend.¨
|
se présente à lui;
|
Sur l'herbe verte il s'est couché adent, ¨
|
la bouche contre la terre;
|
Sous lui il met l’épée et l'oliphant
|
|
Tournant la tête vers le pays païen.
|
|
Il fait cela parce qu'il veut vraiment
|
|
Que Charles dise, et avec lui ses gens:
|
|
"Le noble comte est mort en conquérant.¨
"
|
en triomphant de l'ennemi;
|
Roland le comte se couche sous un pin.¨
|
sorte d'arbre;
|
De plusieurs choses lui vient le souvenir,
|
|
De ces pays si vaillamment¨
conquis, ¨
|
courageusement;
pris à l'ennemi;
|
De Charlemagne, son roi qui l'a nourri.¨
|
lui a donné une éducation;
|
Il n'y peut rien, il en pleure ¨
et soupire;
|
lamente;
|
Mais lui-même, il ne veut qu'il s'oublie.
|
|
"Mea culpa, ¨
" dit il, "Ah dieu, merci!"
|
pardonne-moi;
|
Sur son bras droite chef¨
il l'a remis;¨
|
la tête;
mis encore;
|
Les mains jointes¨
il est allé à sa fin.¨
|
mises ensemble;
sa mort;
|
Dieu lui envoie son ange chérubin¨
|
être spirituel;
|
Et avec lui Saint-Michel du Péril¨
|
danger;
|
Puis avec eux Saint Gabriel y vint
|
|
Ils portent l'âme du comte au paradis.
|
|
Roland est mort. Dieu a son âme au ciel.
|
|
A Roncevaux, enfin, l'empereur vient.
|
|
Il n'y a pas de voie, ¨
ni de sentier¨
|
route;
petit chemin;
|
Où il n'y a de Francs ou de païens.
|
|
Charles s'écrie:"Où est Roland, le fier,
|
|
Où l'archevêque, où le comte Olivier,
|
|
Les douze pairs, qu'ici j'avais laissés
|
|
Nul ¨
ne répond. À quoi bon¨
appeler?
|
personne;
pourquoi;
|
Il n'y a pas de chevalier¨
, de preux,
|
noble;
|
Qui de pitié¨
très durement ne pleure.
|
commisération, sympathie pour la misère;
|
Pleurant leurs fils, leurs frères, leurs neveux
|
|
Et leurs amis, et leurs liges ¨
seigneurs.
|
légitimes;
|
Naimes, le duc, agit¨
en homme preux;¨
|
fait;
comme un brave;
|
Tout premier, il dit à l'empereur:
|
|
"Regardez bien au loin à quelques lieues¨
|
1 lieue=4km;
|
Vous pouvez voir les chemins poussiéreux, ¨
|
remplis de poussière;
|
Les païens sont, je crois, assez nombreux;¨
|
en grande quantité;
|
Chevauchez donc! Vengez¨
cette douleur!"¨
|
réparez;
tristesse;
|
Le roi Marsile s'enfuit ¨
vers Saragosse.
|
court en tout hâte;
|
Et la main droite, il l'a perdue en honte¨
|
déshonneur;
|
Devant sa femme, qui a nom Bramimonde
|
|
Il pleure et crie, au chagrin¨
s'abandonne.¨
|
tristesse;
il se laisse dominer;
|
De Babylone, Baligant est mandé¨
|
on a fait venir B.;
|
Il est émir, depuis l'Antiquité
|
|
A Saragosse il va à son allié.
|
|
Les deux armées sont très grandes et belles.
|
|
Ils se rencontrent au milieu de la plaine.¨
|
terrain plat;
|
Les païens crient; "Précieuse", ils appellent.
|
|
Les Français disent: "Que la guerre, ils la perdent!"
|
|
Cirant "Monjoie", le cri qu'ils renouvellent.
|
|
Les deux armées, alors se rencontrèrent;
|
|
Et les païens frappent que c'est merveille.¨
|
un miracle;
|
Dieu! Tant de lances en deux parts brisèrent!
|
|
Vous auriez vu jonchée¨
toute la terre.
|
couverte;
|
L'herbe du champ¨
qui était fine et verte
|
terrain;
|
De tout le sang est devenue vermeille.¨
|
rouge;
|
Le jour passa, le soir est arrivé.
|
|
Francs et païens frappent de leurs épées.
|
|
Là, c'est "Précieuse" que l'émir a crié,
|
|
Charles: "Monjoie", son cri de guerre famé.¨
|
fameux;
|
Et au milieu ¨
ils se sont rencontrés.
|
centre;
|
L'émir païen est de grande vertu.¨
|
ici: courage;
|
Il frappe Charles sur le heaume¨
tout brun,
|
armure qui couvre la tête;
|
Jusqu'à la tête il l'a brisé, fendu.¨
|
mis en deux morceaux;
|
L'épée arrive jusqu'au cheveux menus, ¨
|
fins;
|
Ravit¨
la chair et laisse l'os ¨
à nu.¨
|
emporte;
partie de la squelette;
sans rien dessus;
|
Charles chancelle, ¨
manquant d'être abattu.¨
|
est près de tomber;
battu;
|
Mais Dieu ne veut qu'il soit vraiment vaincu.
|
|
Saint Gabriel à Charles est venu.
|
|
Il lui demande:"Mais grand roi, que fais tu?"
|
|
Quand Charlemagne entend la voix de l'ange,
|
|
Il voit la mort déjà sans épouvante.¨
|
peur;
|
Il bat l'émir de son épée de France,
|
|
Lui fend le heaume dont les gemmes¨
reflambent, ¨
|
diamants;
brillent;
|
Fait la tête le cervelle¨
répandre.¨
|
substance grise;
sortir;
|
Il l'abat mort sans qu'il ait une chance.
|
|
Les païens fuient, les Français les confondent.¨
|
troublent;
|
La chasse dure, et jusqu'à Saragosse.
|
|
Là, dans sa tour, est montée Bramimonde
|
|
Elle, voyant des Arabes la honte, ¨
|
le déshonneur;
|
De haute voix s'écrie:"Quel opprobe!¨
|
déshonneur;
|
Eh! Gentil ¨
roi! Ils sont vaincus nos hommes!"
|
noble;
|
À son chagrin Marsile s'abandonne, ¨
|
il se laisse dominer;
|
Pleure des yeux. Puis sa tête retombe.
|
|
Il meurt de deuil.¨
Par ses atroces, ¨
|
tristesse;
fautes contre Dieu;
|
Il donne l'âme aux diables féroces.¨
|
terribles, cruels;
|
Notre empereur est revenu d'Espagne.
|
|
Il vient à Aix, capitale de France.
|
|
Monte au palais, arrive dans la salle.
|
|
Vient à lui Aude, une très belle dame.
|
|
Qui dit au roi:"Où est Roland, le brave,
|
|
Qui me voulut prendre comme sa femme?"
|
|
Pleurant des yeux, Charles tire sa barbe:
|
|
"Un homme mort, amie, tu me demandes.
|
|
Mais je te donne une excellente échange.¨
|
personne à sa place;
|
Voici Louis, le meilleur homme en France.
|
|
Il est mon fils, et il tiendra ma marche.¨
"
|
il sera roi après ma mort;
|
Aude répond:"Ce mot-là m'est étrange.¨
|
incompréhensible;
|
Ne plaise à Dieu, à ses saints, à ses anges
|
|
Qu'après Roland je sois longtemps vivante!"
|
|
Là elle tombe aux pieds de Charlemagne
|
|
Et elle meurt. Que Dieu ait bien son âme!
|
|
Les barons francs en pleurent et la plaignent.¨
|
ont pitié d'elle;
|
Il est écrit dans l’ancienne geste:¨
|
chronique;
|
"Charles mandait¨
les hommes de ses terres."
|
faisait venir;
|
Ils sont ensemble à Aix, à la chapelle¨
|
petite église;
|
Alors commencent les plaids¨
et les nouvelles
|
procès;
|
De Ganelon, qui fit acte de traître.¨
|
avait livré Roland à l’ennemi;
|
L'empereur dit que cet homme on l'amène.
|
|
Les Bavarois viennent, les Allemands.
|
|
Les Poitevins, les Bretons, Les Normands.
|
|
Sur tous les autres ont conseillé les Francs
|
|
Que Ganelog meure par grand ahan.¨
|
terriblement;
|
Quatre destriers¨
sont menés en avant.
|
chevaux;
|
Puis ils lui lient¨
les mains et les pieds blancs.
|
fixent;
|
Les chevaux sont orgueilleux¨
et courants.¨
|
hautains;
rapides;
|
Quatre servants les mènent en avant.
|
|
Ganelon meurt par terribles tourments.¨
|
torture, grave punition corporelle ;
|
Sur l'herbe verte le sang se répand
|
|
Quand l'empereur ainsi a fait justice,
|
|
La journée passe, la nuit s'est assombrie.¨
|
devenu sombre;
|
Le roi se couche dans sa chambre fleurie.
|
|
Saint Gabriel vient de Dieu pour lui dire:
|
|
"Charles appelle les gens de ton empire,
|
|
Puis allez vite dans la terre de Bire
|
|
Aider le roi Vivien qui vit en Imphe
|
|
"La cité¨
par les païens conquise.¨
|
ville;
prise;
|
"Dieu!", dit le roi, "Quels malheurs dans ma vie!"
|
|
Pleurant des yeux, à sa barbe il se tire.
|
|
Ici, la geste de Turold se termine.¨
|
finit;
|