Le moyen-âge

1. La chanson de Roland

La chanson de Roland est une chanson de geste¨ du onzième siècle. poème épique;
Notre seigneur, le grand roi Charlemagne,
Sept ans tout pleins¨ a été en Espagne, complets;
Jusqu’à la mer conquis¨ la terre hautaine pris;
Sauf¨ Saragosse, qui est sur la montagne; excepté, mais pas;
Le roi Marsile l'a, qui plein d'incroyance, ¨ sans religion;
Sert Mahomet, d'Apollon se réclame.¨ demande de l'aide;
Le Roi Marsile était en Saragosse
Là, il appelle tous les ducs et ses comtes¨ nobles;
"Voilà, Seigneurs, ce qui tant nous encombre¨ est notre problème;
L'empereur Charles, de douce France bonne,
En ce pays est venu nous confondre, ¨ rendre la vie difficile;
Je n'ai pas d'hommes suffisants¨ qui l'affrontent¨ en assez grand nombre; faire front;
Conseillez-moi comme des sages hommes
Sauvez-moi donc de la mort, de la honte."
Là, Blancandrin, un de ses païens¨ incroyants;
Dit à son roi: "ne soyez pas troublé;
Mandez¨ à Charles, l’orgueilleux¨ et le fier faites dire; qui se croit supérieur;
De le servir en fidèle amitié.
Faites donner des ours, des lions, des chiens.
Quatre cents mules d'or et d'argent chargées¨ qui portent de l'or etc.;
Dans ce pays il a assez lutté.¨ s'est assez battu;
En France, à Aix il doit bien retourner
Mandez de le suivre à la Saint-Michel¨ à la fête de Saint-Michel;
Pour les otages¨ , s'il en veut, envoyez prisonniers qui sont une garantie;
Dix ou vingt hommes, cela va le tromper¨ duper;
Nos propres fils, il faut les envoyer
S'il doit mourir, j'enverrai bien le mien
Les Francs iront tous en France, leur terre
Charles sera à Aix, à sa chapelle¨ petite église;
Le jour viendra, puis passera le terme¨ limite dans le temps;
Mais il n'aura jamais de vos nouvelles
Dix mules blanches fit amener¨ Marsile a fait venir;
Y montent ceux qui pour lui négocient¨ discutent les accords;
Et dans leurs mains ont des branches d'olive
Auprès de Charles, roi de France, ils arrivent.
Là, Blancandrin a tout d'abord parlé
Puis sous un pin¨ , le roi s'est allé sorte d'arbre;
Mandant¨ à ses pairs¨ pour y délibérer¨ faisant venir; barons; discuter;
Roland, le comte, se lève alors pour dire:
"Malheur à vous, si vous croyez Marsile..
Voila¨ sept ans que nous sommes ici depuis;
Le roi Marsile y fit bien des traîtrises¨ perfidies;
Deux de vos comtes¨ pour le païen¨ partirent nobles; incroyant, ici: Marsile;
Il prit leur têtes près du mont d'Haltoïde
Faites la guerre comme elle est entreprise.¨ " commencée;
Les Francs se taisent¨ excepté¨ Ganelon ne parlent pas; mais pas;
Il se relève et vient devant Charlon
Il dit au roi: "Croyez-vous un félon¨ homme sans honneur;
Qui ne veut pas faire de convention¨ accord;
Sans se soucier¨ comment donc nous mourrons?" se demander;
Après lui Naimes, le duc est venu
Il dit au roi: "Vous l'avez entendu,
Le roi Marsile, dans la guerre est vaincu¨ battu;
Quand il demande d'avoir pitié¨ de lui miséricorde, grâce;
C'est un péché¨ de lui demander plus." faute contre Dieu;
Les Français disent: "bien a parlé le duc."
"Chevaliers francs¨ , " a dit l'empereur Charles nobles;
Choisissez-moi un baron de ma marche¨ région;
qui porte au roi Marsile mon message¨ communication, annonce;
Là Roland dit: "Ganelon! Mon parâtre¨ " beau pere;
Les Français disent: "Il faut bien qu'il le fasse¨ !" il doit le faire;
Mais Ganelon, qui est en grande angoisse¨ peur;
Dit à Roland:"Fou¨ , pourquoi tu enrages¨ idiot; deviens furieux;
On sait bien que je suis ton parâtre
Et tu veux donc que chez Marsile j'aille!
Si Dieu me donne que de la j’échappe¨ je me tire, je me sauve;
Je te ferrai un si puissant¨ dommage¨ grand; perte, ravage;
Qu'il durera bien pendant tout ton age¨ " ici:vie;
L'empereur veut son gant droit lui remettre¨ donner;
Mais Ganelon voudrait ne pas y être
Avant qu'il prenne, le gant tombe à terre
Les Français disent: "Quel signe ce peut être!
De ce message¨ nous viendra grande perte!" ici: ambassade;
vêtement qui couvre la main
Mais Ganelon part avec Blancandrin.
L'un donne à l'autre méchamment¨ son crédit¨ cherchant à faire du mal; confiance;
Car ils voudraient faire Roland périr¨ mourir;
Ils chevauchèrent¨ tant par voies¨ , tant par chemins¨ allèrent à cheval; chemins; route;
Qu'à Saragosse descendent sous un if¨ sorte d'arbre;
Là fut le roi qui l'Espagne soumit.¨ mit sous sa domination;
Le Païen dit:"Je trouve merveilleux¨ étonnant;
Charlemagne est déjà chenu¨ et vieux blanc de vieillesse;
Ne va-t-il donc jamais quitter ces lieux¨ ?" ici: ce pays;
"Pas, " dit le comte, "tant¨ que vit son neveu." aussi longtemps que;
"Ganelon, Sire, " lui dit le roi Marsile,
"Comment pourrais-je donc Roland occire¨ ?" tuer;
Ganelon dit:"Je vais bien vous le dire:
Le roi sera aux plus grands ports¨ de Sizre; passages dans la montagne;
L’arrière-garde¨ va, de très loin, le suivre partie de l’armée qui ferme la marche;
Et là sera Roland, son neveu riche
Et Olivier, à qui tant il se fie¨ en qui il a confiance;
Vingt mille Francs sont de leur compagnie¨ avec eux;
De vos païens, envoyez-y cent mille.
De ce combat jamais il ne se tire
Vous n'aurez plus de guerre de la vie."
Marsile dit:"Que de plus j'en dirais¨ ? que dirais-je encore?;
Jurez-moi¨ donc de trahir¨ les Français." promettez-moi devant Dieu; livrer, donner entre les mains;
Ganelon dit:"Bon, si cela vous plaît."
De grand matin¨ l'empereur s'est levé très tôt;
Ganelon vint, le félon parjuré¨ perfide;
Perfidement, il commence à parler.
Il dit au roi: "Par dieu soyez sauvé.
De Saragosse je vous donne les clés
De tres grands biens¨ je viens vous ramener richesses;
Bien vous pouvez croire le roi païen.
Vous ne verrez ce dernier mois passé
Qu'il va vous suivre en France bien régnée.¨ " gouvernée;
Là le roi dit: "Que Dieu soit remercié.
De ce fait-là soyez récompensé¨ gratifié;
Puis dans l’armée il fait les cors¨ sonner instrument de musique;
Levant le camp¨ on charge les sommiers¨ repliant les tente; cheval de transport;
Vers douce France ils sont dirigés.¨ sont allés;
La nuit s’écoule¨ et l'aube¨ apparaît claire passe; lumière du soleil levant;
Tout fièrement notre empereur s'avance¨ vient en avant;
"Seigneurs barons" a dit l'empereur Charles
"Voyez les ports et les étroits¨ passages; peu larges;
Choisissez-moi ceux de l’arrière-garde"
Ganelon dit: "Mais, mon beau-fils le brave¨ courageux;
Aucun baron n'a de plus grand courage."
Étant choisi pour l’arrière-garde
Roland dit, furieux, a son parâtre¨ : beau père;
"Mauvais homme, lâche¨ de vile race, ¨ homme sans courage; mauvaise origine;
Penses-tu que le gant des mains m’échappe, ¨ tombe;
Comme cella t'arriva devant Charles"
L'empereur Charles a appelé Roland
"Seigneur neveu, or¨ sachez donc vraiment eh bien!;
Je vous donne la moitié¨ de mes gens." la deuxième partie;
Le comte dit: "Je n'en voudrais pas tant;
Je garderai¨ vingt mille Francs vaillants¨ me réserverai; courageux;
Vous passerez les ports très sûrement.¨ " sans danger;
Hauts sont les monts et les vals¨ ténébreux¨ vallées; sans lumière;
Et les Français vinrent avec douleurs¨ difficultés;
En Gascogne, terre de leur seigneurs.
Aucun soldat qui n'en verse des pleurs.¨ tous les soldats en pleurent;
Marsile mande¨ d'Espagne ses barons, fait venir;
Comtes, vicomtes, ducs et almanzors¨ titre de noblesse;
Quatre cent mille réunis en trois jours
Puis ils chevauchent avec grands efforts¨ énergie;
Par Cedagne, par les vals et les monts,
Lorsqu'ils ont vu les Francs les gonfalons, ¨ bannières, étendards;
L’arrière-garde des douze compagnons.
Les païens s'arment d'hauberts¨ maures de choix vêtement de protection;
Des cors ils sonnent pour causer de l'effroi¨ faire peur;
Le grand bruit¨ met les Français en émoi.¨ tumulte; agitation;
Olivier dit: "Les païens sont bien forts;
Ami Roland, sonnez de votre cor;
Charles l'entendra et reviendra alors."
Roland répond: "Je ne suis pas idiot!
En douce France, je perdrais mon renom.¨ " ma réputation;
Ailleurs¨ se trouve l’archevêque¨ Turpin à un autre place; prélat de l’église;
Qui sermonne¨ les Français et leur dit: commence a parler à;
"Charles, Seigneurs, nous a laissés ici.
Pour notre roi nous devons bien mourir.
La chrétienté¨ , il faut la soutenir.¨ monde chrétien; défendre;
Vous êtes sûr d'avoir bataille ici;
Confessez-vous¨ et priez Dieu merci; reconnaissez vos fautes;
J'absous¨ vos âmes¨ afin¨ de les guérir pardonne les péchés à; partie spirituelle de l'homme; pour;
Si vous mourez, vous serez des martyrs;¨ gens morts pour la religion;
Vous siégerez¨ au plus haut paradis." habiterez;
Tous les Français se dressent¨ sur les pieds. mettent;
Ils sont absous, quittes¨ de leurs péchés. libres;
Après, ils montent sur leurs destriers¨ légers. chevaux;
Au ports d'Espagne est donc passé Roland
Sur Veilantif, son bon cheval courant.¨ rapide;
Là, il regarde les Français doucement.¨ ici: avec sympathie;
Puis il leur dit un mot courtoisement¨ : aimablement;
"Seigneurs barons, battez vous bravement.¨ " avec courage;
Olivier dit:"À quoi bon¨ donc parler pourquoi;
Votre oliphant, ¨ il fallait¨ le sonner nom du cor de Roland; vous auriez dû;
Ceux qui sont là, ne sont pas a blâmer¨ critiquer;
Seigneurs barons, il faut que vous frappiez"
Le combat¨ est merveilleux¨ et pesant¨ rencontre des armées; remarquable, marquant; pénible, fort;
Très dur y frappent Olivier et Roland
Et les Français frappent très bravement
Les païens meurent à milliers et à cent
Et les Français perdent leurs meilleurs gens.
Quand Roland voit des siens¨ la grande perte, de ses gens;
Son compagnon Olivier, il l'appelle:
"Ami, de ça que peut-il vous paraître¨ ? que penses-vous de cela;
Vous voyez tant de bons vassaux¨ à terre; nobles;
Olivier, frère, que pourrons-nous donc faire?"
Olivier dit:"Où le roi peut-il être?
Mieux vaut¨ mourir que honte¨ nous soit faite.¨ " il serait mieux de; déshonneur; arrive;
"Je sonnerai, ", dit Roland, "L'oliphant.
Si Charlemagne l'entend aux ports passant, ¨ quand il passe;
Je vous jure¨ , il renverra¨ les Francs." assure; fera revenir;
Olivier dit:"L’opprobre¨ serait grand; déshonneur;
La honte aussi envers¨ tous vos parents.¨ " pour; votre famille;
Roland lui dit:"Très grande est la bataille.
Je sonnerai afin¨ d'avertir¨ Charles." pour; informer;
Olivier dit:"Ça ne serrait pas brave!
Quand je l'ai dit, alors vous refusâtes.¨ " avez dit: non;
Les morts ne doivent en avoir aucun blâme.¨ critique;
Si je revois ma sœur Aude¨ , la sage¨ la fiancée de Roland; sérieuse;
Je ferrai que jamais tu ne l'embrasses.¨ " la prenne dans tes bras;
Quand l’archevêque les entend quereller, ¨ discuter avec fureur;
Il vient à eux pour les réprimander¨ blâmer;
"Sire Roland et vous Sire Olivier,
Il ne faut pas, par Dieu, vous quereller.
Sonner du cor ne peut plus nous aider,
Mais que le roi vienne pour nous venger.¨ " réparer le déshonneur de notre mort;
prélat de l'église catholique
Roland le comte, par douleur et ahan, ¨ chagrin, déplaisir (ce sont synonymes);
Par grande peine sonne son oliphant
Puis de la bouche lui sort beaucoup de sang
Toute la tempe¨ , de la tête se fend¨ côté d la tête entre l’œil et l’oreille; se casse;
Charles l'entend au loin¨ aux ports passant. à grand distance;
Et le roi dit:"C'est le cor de Roland;
Il ne l'a jamais sonné qu'en battant.¨ " seulement quandil se battait;
Puis l'empereur a fait sonner les cors.
Sur leurs destriers¨ montent tous les barons. chevaux;
Piquant des deux¨ ils traversent¨ les ports (pour faire courir les chevaux); passent par;
Mais à quoi bon¨ ? Ils ont tardé par trop!¨ pourquoi; pris trop de temps;
Le roi fait prendre le comte Ganelon.
Et il commande aux gens de sa maison:
"Gardez-le¨ bien, comme un très grand félon, ¨ surveillez-le; criminel;
Qui de mes gens a fait la trahison.¨ " livré mes gens à l'ennemi;
Hauts sont les monts et ténébreux¨ et grands sombres, obscures;
Les vals profonds et les fleuves courants.¨ rivières rapides;
Là, l'empereur chevauche violemment, ¨ avec fureur;
Les Français sont curieux et très dolents, ¨ tristes;
Et prient¨ Dieu de protéger¨ Roland. demandent à; défendre, assister;
Mais à quoi bon¨ ? Ça ne sert nullement!¨ pourquoi; ce n'est plus utile;
Ils tardent trop, ¨ ne pouvant être à temps. prennent trop de temps;
Les païens voient tous les Français qui sont morts
L'un dit à l'autre:"L'empereur a bien tort.¨ " a fait une faute;
Un émir saute sur son cheval bien fort
Pique le bien de ses éperons¨ d'or¨ instrument qui sert à piquer un cheval; métal précieux;
Frappe Olivier arrière dans le dos.
Olivier sent qu'il est à mort battu.
Tient Hauteclaire, ¨ dont l'acier était brun, nom de son épée;
Frappe l’émir au heaume¨ à or aigu, ¨ armure qui protège la tête; pur;
Tranche¨ sa tête jusqu’à ses dents menues¨ coupe; petites;
Frappant son coup, à mort l'abattu.
Olivier sent qu'alors la mort le touche.¨ est tout près;
Il perd l’ouïe, ¨ et la vue se perd toute don des oreilles;
Puis il descend, sur la terre se couche,
De temps en temps vers Dieu son âme tourne
Il bénit ¨ Charles et la France douce. appelle l'aide de Dieu pour;
Le cœur lui manque¨ et le heaume se courbe¨ , ne bat plus; descend;
Et son corps sur la terre s’écroule¨ tombe;
Le comte est mort. Son âme à Dieu retourne.
Roland le pleure, des yeux les larmes coulent.
Jamais plus grande tristesse l'on trouve.
Roland le comte, résolument se bat.
Mais son corps est en sueur¨ et très las.¨ transpire; fatigué;
Sa tête est douloureuse et lui fait mal.
Il eut la tempe¨ rompue, ¨ quand il corna¨ côté de la tête entre l'oreille et l’œil; cassée; sonna le cor;
Voulant savoir si Charles reviendra
Il prit son cor, faiblement¨ le sonna. sans force;
Là, l'empereur s’arrêta, écouta
"Seigneurs, " dit il, "Quel malheur se fait là!
Car aujourd'hui Roland nous quittera.
J'entends au son de son cor qu'il mourra.
Sonnez les cors autant qu'il y en a!"
Soixante mille sonnent avec éclat.¨ intensité;
Quand ils l'entendent, les païens en ont mal.
L'un dit à l'autre:"Voila Charles déjà!"
Les païens disent":Quel malheur¨ d’être né¨ ! catastrophe; venu au monde;
Le pire¨ jour nous est donc arrivé plus mauvais;
Avec ses troupes, Charles va retourner.
Roland le comte a beaucoup de fierté.¨ supériorité;
Aucun mortel¨ ne le vaincra¨ jamais. pas un homme; ne triomphera de lui;
Attaquons-le¨ de loin ¨ pour le tuer!" frappons-le; à distance;
Ainsi ils firent; des dards, armes de jet, ¨ pour jeter;
Épées et lances, javelots empennés.
Ils ont troué ¨ l'écu¨ de Roland, et perforé; armure de protection;
Ils ont rompu son beau haubert doré, ¨ armure de couleur d'or;
Mais son beau corps, ils ne l'ont pas touché.¨ frappé;
Les païens fuient¨ furieux et courroucé¨ s'en vont en hâte; furieux;
Mais Roland n'a pas pu les pourchasser.
Il a perdu Vaillantif, son destrier.¨ cheval;
Puis Roland sent que la mort le surprend.¨ se présente à lui;
Sur l'herbe verte il s'est couché adent, ¨ la bouche contre la terre;
Sous lui il met l’épée et l'oliphant
Tournant la tête vers le pays païen.
Il fait cela parce qu'il veut vraiment
Que Charles dise, et avec lui ses gens:
"Le noble comte est mort en conquérant.¨ " en triomphant de l'ennemi;
Roland le comte se couche sous un pin.¨ sorte d'arbre;
De plusieurs choses lui vient le souvenir,
De ces pays si vaillamment¨ conquis, ¨ courageusement; pris à l'ennemi;
De Charlemagne, son roi qui l'a nourri.¨ lui a donné une éducation;
Il n'y peut rien, il en pleure ¨ et soupire; lamente;
Mais lui-même, il ne veut qu'il s'oublie.
"Mea culpa, ¨ " dit il, "Ah dieu, merci!" pardonne-moi;
Sur son bras droite chef¨ il l'a remis;¨ la tête; mis encore;
Les mains jointes¨ il est allé à sa fin.¨ mises ensemble; sa mort;
Dieu lui envoie son ange chérubin¨ être spirituel;
Et avec lui Saint-Michel du Péril¨ danger;
Puis avec eux Saint Gabriel y vint
Ils portent l'âme du comte au paradis.
Roland est mort. Dieu a son âme au ciel.
A Roncevaux, enfin, l'empereur vient.
Il n'y a pas de voie, ¨ ni de sentier¨ route; petit chemin;
Où il n'y a de Francs ou de païens.
Charles s'écrie:"Où est Roland, le fier,
Où l'archevêque, où le comte Olivier,
Les douze pairs, qu'ici j'avais laissés
Nul ¨ ne répond. À quoi bon¨ appeler? personne; pourquoi;
Il n'y a pas de chevalier¨ , de preux, noble;
Qui de pitié¨ très durement ne pleure. commisération, sympathie pour la misère;
Pleurant leurs fils, leurs frères, leurs neveux
Et leurs amis, et leurs liges ¨ seigneurs. légitimes;
Naimes, le duc, agit¨ en homme preux;¨ fait; comme un brave;
Tout premier, il dit à l'empereur:
"Regardez bien au loin à quelques lieues¨ 1 lieue=4km;
Vous pouvez voir les chemins poussiéreux, ¨ remplis de poussière;
Les païens sont, je crois, assez nombreux;¨ en grande quantité;
Chevauchez donc! Vengez¨ cette douleur!"¨ réparez; tristesse;
Le roi Marsile s'enfuit ¨ vers Saragosse. court en tout hâte;
Et la main droite, il l'a perdue en honte¨ déshonneur;
Devant sa femme, qui a nom Bramimonde
Il pleure et crie, au chagrin¨ s'abandonne.¨ tristesse; il se laisse dominer;
De Babylone, Baligant est mandé¨ on a fait venir B.;
Il est émir, depuis l'Antiquité
A Saragosse il va à son allié.
Les deux armées sont très grandes et belles.
Ils se rencontrent au milieu de la plaine.¨ terrain plat;
Les païens crient; "Précieuse", ils appellent.
Les Français disent: "Que la guerre, ils la perdent!"
Cirant "Monjoie", le cri qu'ils renouvellent.
Les deux armées, alors se rencontrèrent;
Et les païens frappent que c'est merveille.¨ un miracle;
Dieu! Tant de lances en deux parts brisèrent!
Vous auriez vu jonchée¨ toute la terre. couverte;
L'herbe du champ¨ qui était fine et verte terrain;
De tout le sang est devenue vermeille.¨ rouge;
Le jour passa, le soir est arrivé.
Francs et païens frappent de leurs épées.
Là, c'est "Précieuse" que l'émir a crié,
Charles: "Monjoie", son cri de guerre famé.¨ fameux;
Et au milieu ¨ ils se sont rencontrés. centre;
L'émir païen est de grande vertu.¨ ici: courage;
Il frappe Charles sur le heaume¨ tout brun, armure qui couvre la tête;
Jusqu'à la tête il l'a brisé, fendu.¨ mis en deux morceaux;
L'épée arrive jusqu'au cheveux menus, ¨ fins;
Ravit¨ la chair et laisse l'os ¨ à nu.¨ emporte; partie de la squelette; sans rien dessus;
Charles chancelle, ¨ manquant d'être abattu.¨ est près de tomber; battu;
Mais Dieu ne veut qu'il soit vraiment vaincu.
Saint Gabriel à Charles est venu.
Il lui demande:"Mais grand roi, que fais tu?"
Quand Charlemagne entend la voix de l'ange,
Il voit la mort déjà sans épouvante.¨ peur;
Il bat l'émir de son épée de France,
Lui fend le heaume dont les gemmes¨ reflambent, ¨ diamants; brillent;
Fait la tête le cervelle¨ répandre.¨ substance grise; sortir;
Il l'abat mort sans qu'il ait une chance.
Les païens fuient, les Français les confondent.¨ troublent;
La chasse dure, et jusqu'à Saragosse.
Là, dans sa tour, est montée Bramimonde
Elle, voyant des Arabes la honte, ¨ le déshonneur;
De haute voix s'écrie:"Quel opprobe!¨ déshonneur;
Eh! Gentil ¨ roi! Ils sont vaincus nos hommes!" noble;
À son chagrin Marsile s'abandonne, ¨ il se laisse dominer;
Pleure des yeux. Puis sa tête retombe.
Il meurt de deuil.¨ Par ses atroces, ¨ tristesse; fautes contre Dieu;
Il donne l'âme aux diables féroces.¨ terribles, cruels;
Notre empereur est revenu d'Espagne.
Il vient à Aix, capitale de France.
Monte au palais, arrive dans la salle.
Vient à lui Aude, une très belle dame.
Qui dit au roi:"Où est Roland, le brave,
Qui me voulut prendre comme sa femme?"
Pleurant des yeux, Charles tire sa barbe:
"Un homme mort, amie, tu me demandes.
Mais je te donne une excellente échange.¨ personne à sa place;
Voici Louis, le meilleur homme en France.
Il est mon fils, et il tiendra ma marche.¨ " il sera roi après ma mort;
Aude répond:"Ce mot-là m'est étrange.¨ incompréhensible;
Ne plaise à Dieu, à ses saints, à ses anges
Qu'après Roland je sois longtemps vivante!"
Là elle tombe aux pieds de Charlemagne
Et elle meurt. Que Dieu ait bien son âme!
Les barons francs en pleurent et la plaignent.¨ ont pitié d'elle;
Il est écrit dans l’ancienne geste:¨ chronique;
"Charles mandait¨ les hommes de ses terres." faisait venir;
Ils sont ensemble à Aix, à la chapelle¨ petite église;
Alors commencent les plaids¨ et les nouvelles procès;
De Ganelon, qui fit acte de traître.¨ avait livré Roland à l’ennemi;
L'empereur dit que cet homme on l'amène.
Les Bavarois viennent, les Allemands.
Les Poitevins, les Bretons, Les Normands.
Sur tous les autres ont conseillé les Francs
Que Ganelog meure par grand ahan.¨ terriblement;
Quatre destriers¨ sont menés en avant. chevaux;
Puis ils lui lient¨ les mains et les pieds blancs. fixent;
Les chevaux sont orgueilleux¨ et courants.¨ hautains; rapides;
Quatre servants les mènent en avant.
Ganelon meurt par terribles tourments.¨ torture, grave punition corporelle ;
Sur l'herbe verte le sang se répand
Quand l'empereur ainsi a fait justice,
La journée passe, la nuit s'est assombrie.¨ devenu sombre;
Le roi se couche dans sa chambre fleurie.
Saint Gabriel vient de Dieu pour lui dire:
"Charles appelle les gens de ton empire,
Puis allez vite dans la terre de Bire
Aider le roi Vivien qui vit en Imphe
"La cité¨ par les païens conquise.¨ ville; prise;
"Dieu!", dit le roi, "Quels malheurs dans ma vie!"
Pleurant des yeux, à sa barbe il se tire.
Ici, la geste de Turold se termine.¨ finit;